Alioune Diop (1910 - 1980)

 

Alioune Diop a toujours oeuvré pour la cause noire. On ne voit à travers tous ses écrits qu'une volonté de rassembler les hommes noirs. Sa lutte perpétuelle le mènera à la fondation avec la collaboration de ses fidèles compagnons de lutte (Césaire, Senghor et biens d'autres) de la revue Présence Africaine qu'il éditera en 1947.

Deux années auparavant il participe avec Jomo Kenyatta, Kwame Nkrumah, George Padmore, Williams Du Bois, etc.au Congrès Panafricain de Manchester. Le Panafricanisme ou le mouvement d'unité culturelle de la diaspora noire à travers sa négritude prend toute son ampleur à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le premier numéro de sa revue sera intitulé :Niam n'goura ' Niam n'goura vana niam m'paya, proverbe Toucouleurs qui signifie «  Mange pour que tu vives, ce n'est pas mange pour que tu engraisses ». Il met un point d'honneur à créer un lien ferme alliant la culture, la fierté, le savoir et la sagesse entre les hommes noirs d'Afrique et du reste du monde (Amérique, Antilles). L'homme noir doit selon lui s'émanciper, la revue devient le support qui permettra à bon nombre de s'exprimer et aussi à ses lecteurs d'être informer, de prendre conscience de sa qualité d'homme libre et des possibilités qui lui sont offertes d'être vecteur d'une réussite commune.

André Gide, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Emmanuel Mounier, Michel Leiris, mais aussi Richard Wright, Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire (sans oublier sa femme Christiane Diop) étaient aux nombres de ceux qui participèrent à l'élaboration de la revue "Présence Africaine".

En septembre 1956 il organise le premier congrès des écrivains et artistes noirs à la Sorbonne (Paris). On y trouve Amadou Hampathé Bâ (Mali), Léopold Sedar Senghor et Cheikh Anta Diop (Sénégal), Aimé Cesaire et Frantz Fanon (Martinique), Marcus James (Jamaïque), Richard Wright (Amérique), Jean Price Mars (Haïti), etc. Les meilleurs éléments du  monde intellectuel noir sont présents lors de ce congrès .

Extrait du discours introductif, d'Alioune Diop:

"Ce jour sera marqué d'une pierre blanche. Si depuis la fin de la guerre la rencontre de Bandoeng constitue pour les consciences non européennes l'événement le plus important, je crois pouvoir affirmer que ce premier congrès mondial des hommes de culture noirs représentera pour nos peuples le second événement de cette décade.

D'autres congrès avaient eu lieu, au lendemain de l'entre-deux guerre, ils n'avaient l'originalité ni d'être essentiellement culturels, ni de bénéficier du concours remarquable d'un si grand nombre de talents parvenus à maturité, non seulement aux États-Unis, aux Antilles et dans la grande et fière République d'Haïti, mais encore dans les pays d'Afrique noire.

Les dix dernières années, de l'histoire ont été marquées par des changements décisifs pour le destin des peuples non européens, et notamment de ces peuples noirs que l'Histoire semble avoir voulu traiter de façon cavalière, je dirais même résolument disqualifier, si cette histoire, avec un grand H, n'était pas l'interprétation unilatérale de la vie du monde par l'Occident seul.

Il demeure cependant que nos souffrances n'ont rien d'imaginaire. Pendant des siècles, l'événement dominant de notre histoire a été la terrible traite des esclaves. C'est le premier lien entre nous, congressistes qui justifie notre réunion ici. Noirs des États-Unis, des Antilles et du continent africain, quelle que soit la distance qui sépare parfois nos univers spirituels nous avons ceci d'incontestablement commun que nous descendons des mêmes ancêtres. La couleur de peau n'est qu'un accident : cette couleur n'en est pas moins responsable d'événements et d''uvres, d'institutions, de lois éthiques qui ont marqué de façon indélébile nos rapports avec l'homme blanc (...)

Le 02 mai 1980 Alioune Diop nous quitte en nous léguant le combat de toute une vie, la force et la sagesse de ses convictions Olympe BHÊLY-QUENUM dira de lui :

" Chaque civilisation vivante assume sa propre histoire, exerce sa propre maturité, secrète sa propre modernité à partir de ses propres expériences, et des talents particuliers à son propre génie. »

 Ainsi s'exprimait-il dans nombre des textes parus dans la revue Présence Africaine et d'autres publications, mais aussi dans des conférences ; il serait temps de recenser ses écrits, de les publier pour l'édification des Africains qui se battent, pour les chercheurs aussi et les donneurs de leçons. L'Afrique bouge, réagit, s'insurge même et Alioune le Sage est d'une modernité qui bouleverse. Nul de ceux qui l'ont connu et discuté avec lui ne saurait en douter. "


Aimé Césaire dira de lui : "Alioune Diop qui est une figure tellement admirable. Et Alioune Diop que j'aime profondément, et que je respecte profondément parce que je pense qu'Alioune est un pur ' on ne le comprend pas toujours, mais c'est vrai ' et bien Alioune me disait en somme, tu vis à l'africaine. Mais c'est vrai. J'ai dit, mais oui, c'est vrai au fond, c'est vrai. C'est ça parce que bon je vis au milieu de ma tribu, au milieu de mes enfants. Ça compte pour moi."

 Shenoc le 02/11/07

 

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