Le Métissage en Egypte Antique |
Le Pharaon noir Djeser (Djoser) |
Type Peul |
Le Pharaon noir Ramsès 2 type Peul |
Le métissage naît en Égypte des suites de l'agression
des Hyksos, et de la volonté des pharaons de ne plus donner aux autres
peuples et pays limitrophes, la possibilité de dominer à nouveau l'Égypte. En
effet, après avoir définitivement chassé les Hyksos en 1580 avant notre ère,
l'Égypte atteint son apogée sous le règne du jeune roi noir Thoutmosis III
(XVIIIe dynastie Égyptienne). Il décide de
conquérir les pays ennemis qui l'entourent afin de couper court à tout
risque de menaces extérieures. Ainsi
De nombreuses
fresques présentes sur des monuments funéraires et sur des
temples montrent les captifs étrangers. Les scribes égyptiens les
nommaient "skr-cnh" qui
signifie captif, prisonnier. Pour les Égyptiens un prisonnier était une
personne à qui on aurait pu ôter la vie, mais que l'on avait graciée. Si
certaines fresques nous montrent des prisonniers attachés, il faut savoir que
les peuples faits prisonniers n'avaient pas la même conception de la vie que les
Égyptiens. Ce respect pour la vie fit que les Égyptiens étaient le peuple qui
possédait le plus grand nombre de prisonniers.
Dès lors, le prisonnier devient un personnage de la vie égyptienne et les rois des XVIII et XIX dynasties mettront un point d'honneur à acquérir plus de prisonniers que leur prédécesseur ouvrant ainsi d'eux-mêmes les portes de l'egypte aux étrangers. Les peuples du Nord, du proche orient , de l'Asie, les Libyens, les Nubiens parmi tous ces peuples les pharaons prélèveront leur part de prisonniers. Aménophis II en fit 2255 lors d'une première campagne au Proche-Orient, puis 71 000 (dont 7 chefs syriens à qui il réserva un sort peu enviable) lors de sa 7ème venue au Proche-Orient, Thoumosis III, après la bataille de Mégiddo en ramena 2503, Ramsès II captura les Shardanes, Ramsès III comptait parmi ses rangs plus de 30 000 prisonniers.
Prisonniers Indo-européens tombeau de Horemheb |
Concernant les 7 chefs syriens relatés plus haut, Aménophis II les avait liés au timon de son char, les avait personnellement exécutés avec sa massue et fait exposer leurs corps à Thèbes et en Nubie. Si l'étonnement peut naître de cet acte, il est justifié par le sort cruel que réservaient les Assyriens aux prisonniers égyptiens. En effet, ces derniers s'ils étaient capturés par les Assyriens étaient empalés après avoir eu les yeux crevés et subissaient d'horribles sévices.
Cet acte reste une exception, en général les prisonniers de guerre étaient bien traités. À leur arrivée dans le pays, ils étaient marqués au fer et répartis dans toutes les couches de la société, les plus belles femmes finissant dans le harem de Pharaon. Harem principalement constitué des filles des vassaux et des princesses des pays conquis. Ce fut le cas de la seconde épouse d' Amenhotep III la mitannienne Tadoukipa. Son buste (actuellement au musée de Dalhemà Berlin) qui fut découvert en 1912 par Ludwig Borchardt à Tell el Amarna fut présenté au public en 1925 comme étant celui de la reine Néfertiti alors qu'il n'y avait aucun trait de ressemblance entre ce buste et les fresques représentant la reine Nefertiti.
La Mitannienne Tadoukipa |
Les princes étaient pris en "otage" et éduqués selon les méthodes égyptiennes dans le but de réduire toutes velléités. Ils devenaient les "fils du harem". Cette pratique sera plus tard reprise par les Romains dans leur rêve de conquête du monde. Les femmes devenaient des servantes pour la plupart, les hommes travaillaient dans les temples, les champs, les mines, à l'entretien des villes et les plus habiles venaient gonfler les rangs de l'armée égyptienne et une parcelle de terre située dans le Delta leur était attribuée. De la sorte, ces derniers se sentaient concernés par la défense du territoire égyptien lors des tentatives d'invasions.
Ramsès III alla jusqu'à utiliser les prisonniers issus des "Peuples de la Mer" pour défendre l'Égypte d'une tentative d'invasion de leurs congénères. Cette action pouvait se révéler être dangereuse, mais Ramsès savait que la vie de ces hommes prisonniers était beaucoup plus agréable en Égypte qu'en d'autres lieux ou ils auraient été maltraités et considérés comme de vulgaires objets comme le seront plus tard les noirs africains aux yeux des Occidentaux.
Il est souvent fait mention abusivement d'esclavage en Égypte; l'égyptologue Georges Posener nous éclaire un peu concernant cette idée reçue dans "Dictionnaire de la Civilisation Égyptienne " on peut lire page 107 ceci :"Si on entend par esclavage l'absence totale de droits légaux, l'ancienne Égypte ne semble pas avoir connu cette institution. Certaines catégories de personnes étaient sans doute la propriété d'autres qui pouvaient les vendre, les léguer, les louer, qui les affranchissaient par un acte officiel. Mais on trouve ces mêmes "esclaves" détenant des biens et en disposant à leur gré, possédant de père en fils des exploitations agricoles, ayant des domestiques, épousant des femmes libres. Cet état de choses nous paraît contradictoire : il ne l'était pas pour les Égyptiens, qui ne faisaient point de logique juridique et qui, en matière de droit, n'avaient pas de doctrine rigide. On parlera donc d'une forme de servage. Il était assez largement répandu ; la couronne, les temples, les particuliers disposaient d'une main-d'oeuvre servile qui comprenait des étrangers, notamment des prisonniers de guerre, mais aussi des autochtones. On employait les serfs dans les ateliers et les champs, pour les grands travaux et les tâches domestiques. Les quelques actes de vente qui nous sont parvenus font ressortir des prix élevés. On peut en conclure que le travail servile ne tenait pas une place essentielle dans l'économie du pays".
Les prisonniers étaient donc traités en hommes libres ce qui facilita grandement leur insertion dans toutes les sphères de la vie égyptienne. Cette indulgence face à ces prisonniers s'explique par l'univers spirituel qui régit la vie des Égyptiens. En effet, il n'y avait pas lors de cette période de sacrifice humain en Égypte, des animaux ou des figurines étaient sacrifiés pour les dieux et les prisonniers leurs étaient offert vivants, Serge Sauneron nous dit dans le "Dictionnaire de la Civilisation Égyptienne " que : "l'on n'expose pas la vie humaine, fût-ce pour distraire un monarque ; si les rites religieux exigent le massacre des êtres typhoniens, les ennemis du pays, associés du dieu Seth, le miracle d'Aulis se reproduit à chaque sacrifice, et seuls les animaux (ou les figurines) paraissent sur les autels. Ainsi, l'Égypte ne semble pas avoir connu de sacrifices humains."
Prisonniers syriens,lybiens Tabouret cérémonial Toutankhamon |
Les Dieux égyptiens sont bienfaiteurs. Leur protection
va de pair avec le respect de la vie humaine. D' innombrables hymnes
destinés aux démiurges en attestent. Hymne à la déesse Mâat :
Tu es cette justice (plume), qui est apparue dans
Hymne au dieu Amon : "Salut à toi Amon-Rê, forme divine née la première fois, maître de l'éternité, unique qui enfante les Dieux, les hommes, les choses, maître de la vie..."
Hymne à Osiris : " Salut à toi, Osiris fils de Nout,Seigneur de la double corne, élevé de couronne Atef, À qui ont été donnés l'Oureret et l'épanouissement du coeur en présence de l'ennéade; Celui pour qui Atoum a créé le prestige dans le coeur des hommes, des Dieux, des glorifiés et des morts(es)...";
Osiris est le
symbole de
"Je viens à
toi seigneur du pays sacré, Osiris, régent d'abydos! Je fus un juste sur terre.
J'ai accompli la justice, exempt de faute fait que je sois glorifié dans le
ciel, puissant sur terre, justifié comme le seigneur de
Tous ces précieux éléments constituant la vie, l'univers égyptien influençait grandement les actes de ces derniers. Même Seth qui comme la plupart des Dieux égyptiens trouve ses racines en Nubie. S'il est représenté comme la personnification du mal, ce ne fut pas tout le temps le cas, car Seth est l'un des deux Dieux de Nagada, qui fut associé au pouvoir des premiers rois. Ces derniers incarnaient Seth sur terre. Les reines de la première dynastie portaient le nom de "Celle qui voit Horus et Seth".
Des fresques montrent le pharaon entouré lors de son couronnement par les dieux Horus et Seth montrant ainsi l'équilibre qui naît entre le bien et le mal et la présence nécessaire de ce dernier.Seth tombe en désuétude auprès du peuple Égyptiens (nouvel empire) quand il devient le Dieu adoré par les Desheriou, les envahisseurs (rouge) de l'Égypte ( pour exemple les Hyksos le vénéraient sous le nom de Soutekh) et qu'il assassine par vengeance, son frère le Dieu bon Osiris.
Cela montre bien que les égyptiens pouvaient infliger le même traitement que les autres peuples réservaient à leurs prisonniers, mais cet acte de barbarie allait à l'encontre de leur conception et de leur respect de l'être humain. D'où cette volonté d'assimiler les prisonniers dans l'empire égyptien et de tirer partie de leur savoir. Ce choix permit de créer un immense empire et de réduire à néant les nombreuses attaques des "Peuples de la Mer".
Du point de vue économique ce choix était aussi avantageux, cette main d'oeuvre abondante participait à la prospérité du pays, de nombreux biens arrivaient de tout l'empire pour remplir les magasins au grand bonheur des Égyptiens. La distribution en grand nombre de prisonniers pour les temples facilitait les relations entre le pharaon et les prêtres. Sous le règne de Ramsès III il y avait aux temples de Memphis 3079 prisonniers, 86 436 dans ceux de Thèbes et 12 364 à Héliopolis.
Si tout semblait parfait dans l'empire, à long terme, cela facilita l'apparition du métissage depuis les plus hautes sphères de l'État jusque dans les foyers les plus modestes. Les Égyptiens présents en garnison, ou comme administrateurs dans les pays conquis se mélangèrent aussi avec la population autochtone. Suite à de nombreux mariages mixtes, la population égyptienne changea, la peau s'éclaircit, les traits s'affinèrent.
Avant toute Présence de prisonniers Leucodermes |
Narmer première dynastie |
Didoufri 4e dynastie |
Thoutmosis II-18 ème Dynastie |
Rames 1-19 ème Dynastie |
A ne pas oublier que tous les sciences africaines antiques ( monuments, mathématique,architecture,médecine,écriture...) sont le fruit des rois de la période des Semshou Hor ( suivant d'Horus) venant du sud profond, appelé dynastie zéro par les occidentaux
Avec et avant tous ces Pharaons Noirs
(Africains) tous les éléments de la civilisation égyptienne étaient déjà
en place |
Narmer 1er Dynastie |
Djoser 3è dynastie |
Khéops 4è dynastie |
Didoufri 4è dynastie |
Khephren 4è dynastie |
Ouserkaf 5è dynastie |
Pépi 6è dynastie |
Montouhotep 11è dynastie |
Sesostris 1er 12è dynastie |
Si, il est effectivement vrai que la population égyptienne tend lors de cette période vers un métissage, sa couleur de peau ne s'apparente en rien à celle des peuples leucodermes, leur phénotype n'a pas changé (cf tableau des races tombe de Ramsès III), elle se rapproche plus du métissage Antillais que Cheikh Anta Diop définit comme un métissage Peul : "Le grand père de Ramsès II, Ramsès Ier, n'était qu'un officier de char descendant d'affranchis étrangers du Delta (...) coopté par Horemheb pour lui succéder sur le trône d'Égypte. Séthi Ier, son fils, dut épouser une princesse de sang royal pour légitimer son pouvoir ; et pour se faire accepter du peuple, associa très tôt au pouvoir Ramsès II qui incarnait la légitimité par sa mère' Sethi Ier et Ramsès II représentent officiellement ce type peul."
Très vite les descendants des prisonniers devenus soldats, installés dans le delta prirent la suite de leurs pères à tel point que l'armée égyptienne ne comptait qu'eux dans ses rangs. Anciens prisonniers et leurs congénères libres s'organisent en communauté sans que cela n'interpelle nullement les Égyptiens comme nous le dit Claire Lalouette dans son livre "l'empire des Ramsès" : "Ainsi, autour de Karnak, depuis Thoutmosis III, vivaient des colonies syriennes ; des commerçants de même origine vinrent se fixer parmi eux. Près du temple d'Aménophis III, à Louxor, un quartier syrien avait été installé, sous l'autorité du fils d'un prince ramené de Syrie. Dans les carrières de Toura, sur la rive droite du Nil, face à Memphis, travaillaient encore des Hyksos. Des Phéniciens furent employés pour édifier le grand temple de Ptah à Memphis ; ils travaillaient aussi dans les chantiers de construction navale de la grande ville. Des Hébreux, à l'est du Delta, dans la région de Tanis, fabriquaient des briques, nécessaires à la construction, notamment à celle de la ville de Per-Ramsès. Certains, venus avec les envahisseurs Hyksos, étaient sans doute établis là depuis plusieurs siècles, 430 ans, selon le livre de l'Exode"
Cette toute nouvelle et puissante organisation créera de nombreuses colonies en Égypte, soulèvera de multiples révoltes et émeutes, rebaptisera leurs villages avec des noms pris dans leurs pays d'origine (Troion pour les Phrygiens, Babylone pour les Araméens). Les Libyens finissent par prendre le pouvoir en Égypte et Shéshonq 1er (fondateur de la XXIIè dynastie) monte sur le trône d'Égypte. Les Égyptiens qui avaient voulu suites aux invasions Hyksos se prémunir, avaient de nouveau permis aux étrangers de gouverner l'Égypte. Leur idée d'un monde à l'image de l'Égypte avait échoué.
Cette décadence de l'Égypte sera stoppée par le pharaon Nubien Piânkhy quand Osorkon (usurpateur lybien) tentera d'imposer son fils Sheshonq comme prêtre d'Amon à Thèbes. Les prêtres de Thèbes garant de la tradition nationale, trouveront refuge en Nubie auprès du roi, prouvant ainsi le lien étroit qu'il existe entre l'Égypte et le sud, berceau des ancêtres de leur race.
Les Nubiens
investis par le Dieu Amon se devaient de libérer l'Égypte (pays frère) de ses
envahisseurs. La présence de ces rois était toujours appréciée par le peuple
Égyptien sachant que cela permettait un retour aux valeurs
religieuses, morales et politiques.
En 730 Piânkhy, alors
premier roi de la dynastie Koushite,
conquière et réunifie toute l'Égypte. Il commence par soumettre
la Basse Égypte la débarrassant de tous les
envahisseurs étrangers. Le nord de l'Égypte gouverné
par Tefnakht (le père de Bocchoris de Saïs autre usurpateur du trône d'Égypte)
ne tardera pas à être soumis. Piânkhy trouve auprès de Pelisis d'Athribis et de
Akanos de Sebennytos (deux féodaux étrangers qui refusèrent de se lier à la
coalition menée par Tefnakht) l'appui nécessaire à la réunification de l'Égypte.
Le roi Nubien entre en triomphateur dans la ville d'Héliopolis ou il sera
intronisé selon les rites de la consécration, pharaon de la Haute et Basse
Egypte. Avec sa venue sur le trône d'Egypte commence la XXVè
dynastie.
Ramses III |
Piânkhy |
On pourrait conclure que les Égyptiens ont pêché par excès de confiance en l'être humain. Le métissage n'a pas su endormir la volonté de vengeance que nourrissaient les autres peuples à l'égard des Égyptiens, l'afflux des prisonniers asiatiques a précipité la chute de l'Égypte, mais n'a en rien changé l'apparence de l'égyptien qui se définissait encore comme des noirs comme nous le dit Aboubacry Moussa Lam dans son livre "De l'Origine Égyptienne des Peuls" : "Les anciens Égyptiens ont incontestablement assimilé, aussi bien culturellement que biologiquement, des populations leucodermes. Mais cette assimilation n'a pas fondamentalement changé leur phénotype, du moins durant le Nouvel Empire : le tableau des races de la tombe de Ramsès III ne laisse aucun doute à ce sujet. Par ailleurs, l'appellation que les Égyptiens se sont toujours donnée reste la même : c'est toujours le terme kmt qu'on retrouve dans les textes. Cependant, le nombre d'Égyptiens à peau plus claire a beaucoup augmenté. Et en fonction du degré de métissage avec les populations asiatiques, on trouve toutes les nuances de peau, exactement comme chez les Peuls d'aujourd'hui" et la population antillaise.
Cf: Claire Lalouette, l'Empire des Ramsès et Textes sacrés et textes profanes de l'Ancienne Egypte ; Cheikh Anta Diop, Antériorité des civilisations nègres; Aboubacry Moussa Lam, de l'Origine Egyptienne des Peuls; J. Yototte, Aménophis, Dictionnaire de la civilisation égyptienne.
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