L'importance du Nom_"Nommer"

 

Le fait de nommer quelqu'un ou quelque chose est considéré de nos jours comme étant un acte banal, mais pour l'Afrique noire et particulièrement pour les noirs de l'Egypte antique le fait de nommer signifiait "donner vie".

 Le nom constitue et affirme la personnalité. Une fois l'être formé par le potier divin Khnoum-Phtah le nom est donné afin qu'il se confonde dans l'être ou l'objet qu'il nomme. Pour les Égyptiens le Ka est le nom qui crée les êtres et les choses, qui affirme leur personnalité. Le nom d'une personne est comme son être réel: "Qui dit nom dit essence, âme", il contient un pouvoir magique et entretient un rapport intime avec le coeur.

La mère crée par faire le nom, et on tue par effacer, par l'inexistence du nom. La mère Mout scelle d'un sceau le nom à chaque individu et à l'enfant nouveau-né.

Former donc le nom de quelqu'un ou de quelque chose, équivaut à façonner une image, qui prend vie dès que la bouche prononce le nom. Le nom est ainsi une image qui se confond avec l'objet; il devient cet objet moins matériel, adapté à l'usage de la pensée.

Pour les Égyptiens comme pour certaines tribus noires d'Afrique, le nom image a une réalité concrète, elle est l'une des formes de l'âme et le signe distinctif de la personnalité, ainsi un être sans nom est inexistant ( nommer en Afrique noir, c'est appeler à l'existence).

Les noms de Dieux contiennent un sens symbolique de la pensée divine. Nommer, donner la forme et la perfection d'intonation à la prononciation des noms divins permettait d'en dégager toute l'essence, la puissance qui composent la nature divine du dieu et de son nom.

Rendre le nom au défunt c'est lui restituer la mémoire émise par Amon Râ, le souvenir et par conséquent sa personnalité.

Le mort Osiris dit : "Je fais que l'homme se rappelle son nom dans la grande demeure." - "Fais que mon nom me soit donné dans la grande demeure et fais que je me rappelle mon nom dans la demeure de feu..."

Le nom se réalise en individualité existante quand le Noun océan primordial, père des Dieux et des êtres vivant fait émaner de lui la substance nécessaire. Avec la création de l'âme nait le nom. La déesse du ciel Nouit, mère de l'âme proclame le nom : "Il vient ton nom que les dieux ont dit."

On retrouve cette similtude du "nommer" chez les Dogons peuple d'Afrique: comme nous le confirme le professeur Théophile Obenga dans son livre Cheikh Anta Diop,Volney et le Sphinx :" cette identité entre tous les signes mentaux ou verbaux de la langue Dogon et les choses créées grâce à des opérations intellectuelles, cérabrales, effectuables dans le cerveau même d'Amma, pourrait indiquer que les Dogons ont développé, en tout cas conçu, une certaine forme de nominalisme" Le nominalisme est une doctrine philosophique selon laquelle le concept n'est qu'un nom accompagné d'une image intellectuelle.

Shenoc le 07/05/07

 

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