La Nation Zoulou

 

 

D'après la tradition, les descendants des Zoulous, les amaZoulous (ou Peuple du Ciel) s'établirent dans la vallée de la rivière White Umfolozi sous la souveraineté de l'arrière-petit-fils de Zoulou, Ndaba kaPhunga (l’Homme des Affaires). Les Zoulous continuèrent à mener une existence paisible quand le manteau du chef suprême passa à Jama (celui qui est d'aspect sévère). Lors de cette période, les grands chefs se disputaient entre eux le pouvoir. La suzeraineté zoulou était modeste, subordonnée à Dingiswayo, chef de l'état naissant des Mthethwa. Le territoire zoulou avait une importance stratégique dans la rivalité qui l'opposait aux chefs des Ndwandwe. Quand Senzangakhona prit la succession de son père vers la fin des années 1700, Dingiswayo lui accorda davantage de liberté, celle, entre autres, de s'étendre militairement en échange d'une zone neutre. Senzangakhona ne devait jamais voir le résultat final de la lutte Mthethwa-Ndwande pour le pouvoir suprême, il mourut en 1816, une année avant que Ndwandwe ne batte l'armée Mthethwa, envahissant leur territoire et tuant le chef suprême Dingiswayo. Entre les Ndwandwe et leur domination absolue sur l'ensemble de la région comprise entre les rivières Phongolo et Thukela, il ne restait plus que l'Etat zoulou dont le nouveau chef était le fils illégitime de Senzangakhona et Nandi -le Roi Shaka, né en 1787-

Il ne fut pas tout de suite reconnu comme héritier, mais son père remarqua très tôt en lui son courage et ses talents dans le domaine militaire. Dingiswayo son père, ira jusqu'à l'aider dans sa volonté de prendre à son frère cadet le pouvoir. Les succès militaires régionaux qu'il remportait contre l'ennemi Mthethwa devaient justifier la protection accordée par le chef suprême, mais, après l'invasion de l'état et le meurtre de Dingiswayo, Shaka Zoulou fût le seul visé par les campagnes Ndwandwe. Ils seront finalement repoussés vers le Nord par les Zoulous. Suite à cela Shaka se mettra à développer son armée, créant par la même de nouvelles tactiques et un armement mortel. Afin d'assurer un rendement maximal à sa nouvelle formation d'attaque en forme de cornes, tête de Buffle, il remplaça la lance à jeter et le bouclier en pied de ses ancêtres par une courte lance à frapper et un petit bouclier d'une grande efficacité dans le combat de corps à corps. Cette stratégie d'attaque en forme de tête de buffle consistait à diviser les troupes en quatre (deux formant les corps (cornes ?), un pour la tête, un pour le corps). La première troupe dite corne composée exclusivement de jeunes guerriers entourait l'ennemi alors que l'autre attendait cachée, elle intervenait quand le combat était engagé. Les guerriers expérimentés qui constituaient le corps déferlaient sur l'ennemi pour le prendre en étau avant que la tête, les vétérans, puisse à son tour achever le travail.

Les petites suzerainetés qui se soumettaient à Shaka se faisaient protéger en échange de recrues pour l'armée, de femmes et de cheptel qui renforçaient l'Etat zoulou naissant. Les chefs et les familles plus importants qui avaient de grandes ambitions étaient assassinés et remplacés par des hommes soigneusement choisis par Shaka. Ainsi, dès l'année 1819, la nation Zoulou, nouvellement forgée, était la plus importante et la plus peuplée jamais vue dans le Sud-Est de l'Afrique. Et Shaka "Roi des Zoulous" en était le chef.

 

Shaka se mit à consolider son empire et c'est ainsi qu'en 1820, quatre ans après le début de sa première campagne, Chaka avait conquis un territoire plus vaste que la  France. Il prit soin d'établir d'énormes campements militaires dans les lieux stratégiques, les peuplant d'un grand nombre de nouvelles recrues. L'armée de Chaka à son apogée comptera plus de 100 000 hommes.

Shaka oriente l'expansion des Zoulous dans deux grandes directions: vers l'Ouest et vers le Sud contre les Tembou, Pondo et Xhosa. Il créa aussi des régiments de "femmes auxiliaires", ce qui lui permit d'arranger des mariages à l'intérieur des corps d'armée et ainsi d'intégrer les hommes et les femmes des suzerainetés subalternes dans l'Etat zoulou. Il  rappelait sans cesse à ses chefs vassaux son autorité et son pouvoir. Ceux qui s'abstenaient de payer le tribut se voyaient dépossédés de tous leurs biens (cheptel, femmes, et autres valeurs). Shaka augmenta considérablement le cheptel royal en pratiquant la séquestration de jeunes femmes désirables payées en tribut ou simplement saisies et en les offrant comme épouses aux plus offrants contre des dots très exagérées.

Sous le règne de Shaka, l'empire ne fut jamais en sécurité. Le maintien des frontières du Royaume zoulou exigea de nombreuses campagnes militaires. En fin de désespoir, privés de bétail et de cultures, les clans repoussés par l'armée de Shaka vers l'Ouest, (dans les montagnes de la chaîne du Drakensberg), devaient finir par chercher des moyens de survie macabres dans la vallée appelée "Vallée des Cannibales".

Mais si la paix ne règne pas hors des frontières de l'empire, c'est aussi le cas dans le royaume. Ainsi, en 1824, une tentative d'assassina de Shaka par des membres de la famille royale se termine par le massacre du peuple Qwabe, officiellement accusé de cet acte.

Fait surprenant, c'est l'arrivée tout à fait inattendue de l'aventurier colonial Henry Francis Fynn qui est en partie responsable de la guérison de Shaka. Cherchant à s'assurer des droits commerciaux et accompagnés d'un petit groupe de négociateurs, Fynn arriva à la maisonnée du roi en août 1824. Après avoir navigué vers le Nord à partir de la Colonie établie du Cap, à la recherche d'ivoire et de peaux d'animaux exotiques, ces sujets britanniques avaient fondé un minuscule établissement à Port Natal (Durban, de nos jours). Shaka prouva sa gratitude par un document qui porte sa signature et par lequel il cédait la 'suzeraineté' de Port Natal et de ses environs aux commerçants blancs...qui, eux, retournèrent à leur campement, hissèrent l'Union Jack et prirent formellement possession de leur don au nom de la Grande-Bretagne. Ce n'était sans doute nullement l'intention du Roi Shaka de renoncer sa souveraineté en faveur du Roi George IV, mais c'est ce qui fut fait.

Le déclin de Shaka commencera avec son excès de tyrannie qui lui vaudra la révolte de son peuple. A la mort de sa mère Nandi en 1827, Shaka fait exécuter plus de 7 000 personnes. Et pendant un an, il interdit tout mariage, toute vie maritale et à tous de boire du lait. Le règne de Shaka s'arrêta le jour où il perdit la vie, c'est-à-dire le 24 septembre 1828. Dingane et Mhlangana, deux demi-frères de Shaka, aiguillonnés par une tante puissante qui jugeait que les campagnes militaires incessantes affaiblissaient le royaume, tuèrent Shaka à coups de lance à l'intérieur de l'enceinte royale. Un autre demi-frère, Mpande, jugé trop faible, avait été tenu à l'écart du complot, ce qui lui a sans doute sauvé la vie, puisque peu de temps après l'enterrement de Shaka, Dingane tua Mhlangana et monta sur le trône zoulou. La première action de Dingane, qui se voulait être différent de Shaka, fut de mettre à mort une douzaine de membres de la famille royale ainsi que tous les favoris placés dans les postes stratégiques par Shaka. Il semble bien que Mpande était destiné à prendre le pouvoir un jour ou l'autre, puisqu'il fut épargné. Et tout cela, parce qu'après une vie entière inspirée par la méfiance et par le spectre toujours présent d'un assassinat, le Roi Shaka n'avait pas laissé d'héritier.

Shaka fut un grand chef, un stratège, un organisateur et un fondateur de génie, mais il fut aussi un conquérant et un despote. Son action influença la vie et le destin de régions entières en l'Afrique australe.

Le règne de Dingane comme celui de Shaka, fut entaché par plusieurs révoltes de la population, qui le jugeaient trop extrême dans ses actes. Fuyant sa politique, ses sujets allaient s'installer chez les Anglais à Port Natal. 

En 1837 les Boers, qui avaient quitté le Cap sous domination britannique, arrivèrent au royaume zoulou espérant que le roi Dingane leur offrirait des terres afin qu'ils s'y installent. Le 6 février 1838, date de la mise en exercice du traité foncier fait entre le roi Dingane et les Boers, le roi fit assassiner le chef Boer et 101 de ses compagnons, ainsi que le camp des Voortrekker situé à côté de celui des Boers. En 1838 à Blood River, les Boers prennent leur revanche en massacrant l'armée zoulou et en mettant en fuite le roi Dingane. Son frère Mpande se lie avec 17000 de ses partisans aux Boers et se lance à la poursuite de son frère Dingane. Il sera retrouvé et assassiné près de la frontière de Swazi.

Boers

Mpande

Boers

 

A Mpande incombera désormais la lourde tâche de réunifier la nation Zoulou. Mais le lien qui unit le nouveau roi aux Boers sera toujours empreint de suspicion, car de chaque côté on n'oubliera pas le passé et les intérêts de chacun. C'est ainsi que suite à une nouvelle guerre entre Boers et Britanniques, Mpande changea et fit allégeance à la couronne. Se sentant trahis, les Boers reprirent le chemin de l'exode.

En 1843, de peur de perdre son trône face à son frère Gqugqu, le roi Mpande le fait assassiner avec toute sa famille ainsi que toute personne qui leur était proche. Prise de panique, la population entame un exode vers la frontière, en territoire britannique, mais les guerriers de Mpande s'étant depuis armés de fusil auprès des commerçants blancs, ils seront poursuivis et exterminés jusque dans les Etats voisins.

En 1852, Mpande envahit le Swaziland, mais sera contraint par les Britanniques de s'y retirer. En 1856, les deux fils de Mpande, Cetshwayo et Mbuyazi se livrent une guerre sans merci pour le pouvoir laissant sur leur passage bon nombre de victimes dont Mbuyazi. Leur père meurt en 1872 et très vite son fils Cetshwayo prend sa place.

Cetshwayo fut couronné par son peuple et par les britanniques qui signèrent avec lui un traité leur donnant la possibilité de le destituer en cas manquement de sa part aux intérêts de la couronne. Il avait l'obligation de freiner l'expansion des Boers, ennemis des Britanniques. Si les premières années les choses se passèrent comme convenues, une maladie bovine qui décima les troupeaux zoulous, força la population à voler le bétail des Anglais. Considérant qu'il avait enfreint la loi de couronnement, les Anglais décidèrent de destituer Cetshwayo.

Cetshwayo

Les Britanniques envoyèrent donc un ultimatum au roi lui demandant de payer des impôts pour le préjudice causé, de restituer le bétail volé et de cesser toute action contre les sujets de Sa Majesté. Le 31 Décembre 1878, les Anglais envahissent le Zululand, le 22 Janvier de l'année suivante, 1300 d'entre eux périront devant 25000 guerriers zoulous Isandlwana. Le 4 Juillet 1879 après six mois de guerre acharnée entre les deux parties, l'empire zoulou s'éteint, l'enceinte royale de Cetshwayo est réduite en cendres.

Dans un souci de domination, les Britanniques, après avoir exilé Cetshwayo à Cap Town, décident de découper le Zoulouland en 13 provinces autonomes et noient dans le sang toute volonté de révolte ou de réunification. Mais ils n'avaient pas prévu que de cette désunification naîtraient des conflits menant à une guerre civile  qu'ils ne pourraient gérer.

Le 5 août 1882, dépassés par les évènements, les Britanniques se voient contraints de sortir Cetshwayo de sa prison, de le présenter en Angleterre à la reine Victoria et de le remettre en 1883 sur le trône de Zululand avec un rôle certes fictif mais qui sera à l'origine de la paix dans le pays, le Zululand devient une réserve.

On pense que le roi Cetshwayo fut empoisonné le 8 février 1884, son retour n'aura emmené la paix que pendant six mois parmi les chefs de guerre. Son fils Dinuzulu sera son successeur, mais lui, contrairement à son père, ira chercher comme son grand père de l'aide auprès des Boers ennemis des Britanniques. Les Boers en profiteront pour réclamer et obtenir les meilleures terres de Zululand et feront du roi Dinuzulu un simple pantin à leur solde.

En mai 1887 le Zululand est annexé malgré les protestations des premiers concernés, les peuples zoulous. Les Boers possèdent alors un sixième du Zululand.

Zululand

Nation Zoulou

Une nouvelle guerre éclata entre le roi Dinuzulu et ses rivaux entraînant son arrestation et sa déportation en décembre 1889 pour 10 ans sur l'île de Sainte Hélène (côte Ouest de l'Afrique). Il sera gracié au bout de 8 années et de retour dans son pays, deviendra un simple salarié de Sa Majesté. Il sera à nouveau emprisonné en 1909, et ce, pendant 4 années pour recel de rebelles.

Le 31 mai 1910 voit la création de l'Union de l'Afrique du Sud avec comme premier ministre le général Louis Botha, ancien chef Boers et allié de Dinuzulu. Le roi déchu Dinuzulu passa les trois dernières années de sa vie dans la province de Transvaal. Mshiyeni son fils et Bhekuzulu son petit fils eurent le titre de chefs suprêmes, mais étant seulement des salariés du gouvernement blanc.

 Shenoc le 20/12/2005

  

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