l'Apartheid

 

 

L'Apartheid : système politique basé sur la ségrégation raciale, qui fut appliqué en Afrique du Sud de 1911 à 1989. Elle donnait aux Afrikaners (envahisseurs blancs) minoritaires dans le pays les pleins pouvoirs politiques et économiques sur le peuple noir Africain autochtone (zoulou et bantou), les indiens et les métis.

Mais pour comprendre ce phénomène de séparation raciale qui eut lieu en Afrique du Sud, il faut remonter aux évènements qui en sont la cause. Après l'Amérique, l'Afrique continent de toutes les merveilles fut assaillie par un flot incessant d'envahisseurs (blancs et sémites) imbus des plus mauvaises intentions, assoiffés de richesses de toutes sortes et près à tout pour les avoirs. C'est dans cette optique qu'en 1652, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, choisit l'Afrique du Sud pour y installer un comptoir de ravitaillement pour ces navires qui relient Amsterdam et Batavia (actuelle Jakarta en Indonésie), ainsi se crée au détriment des autochtones présents le "Cap de Bonne Espérance". De là, commence la colonisation de l'Afrique du Sud.

De 1657 à 1717 l'Afrique est envahie par des familles de colons néerlandais en quête de richesse, s'en suivront des Suisses, des Scandinaves, des Allemands et des Français protestants qui fuyaient la révocation de l'édit de Nantes et la suprématie catholique, ( XVIIe siècle). Ces Européens qui se nommeront "afrikaners" se regroupent sur des bases religieuses protestantes et fédèrent une nouvelle langue dérivée du néerlandais : l'afrikaans.

Les Afrikaners en manquent de terres fertiles s'accaparent, fusil à la main, les terres des Zoulous et des Bantous, aucune forme de tortures et de massacres ne leurs seront épargnés. Les Afrikaners utiliseront comme les autres envahisseurs de l'Afrique le principe du" bon" chrétien venant civiliser les peuples d'Afrique qui selon eux étaient des païens justifiant ainsi les actes odieux qu'ils perpétreront durant des siècles. Ne se contentant pas de la population autochtone qu'ils oppressent, ils iront chercher en Afrique de l'est et à Madagascar d'autres hommes noirs qu'ils réduiront aussi en esclavage.

 

En 1806 la Grande-Bretagne conquière le Cap et fait interdire l'année suivante la traite qui sera finalement abolie en 1833. Comme les Néerlandais, des milliers de Britanniques migreront vers le Cap. Avec cette nouvelle vague de migrant viendra un certain nombre de conflits d'intérêts incitant les premiers colons à quitter le Cap en 1834. Mais ces derniers ne quitteront pas l'Afrique, au contraire, ils s'aventureront dans les terres et rencontreront une très grande résistance de la part des tribus Africaines qui  imposeront de flagrant revers à leur "Grand Trek" (migration).

L'Afrique du Sud comme le reste de l'Afrique devient le théâtre de la guerre de pouvoir qui oppose les Européens (les Français, les Anglais, les Portuguais et les Néerlandais). Mais dans l'intérêt commun, les Anglais font des concessions aux paysans afrikaners et réduisent les libertés octroyées aux noirs africains, les munissant d'un "laissez-passer " réduisant leurs déplacements aux simples minima dans leur propre pays. L'Africain devient un "colored" travaillant la terre, ou excavant dans les mines.

La découverte d'un gisement de diamants à Kimberley (Griqualand Ouest) en 1867, voit arriver de nouveaux migrants, prospecteurs. Ils creusent le "Big Hole" que la Couronne britannique s'empressera d'annexer. Une entente est faite entre la compagnie minière De Beers, et les prospecteurs blancs afin d'expulser les mineurs noirs propriétaires légaux des terres.

Avec cette ruée minière se dégrade à nouveau la condition des noirs africains qui seront en 1885 assignés à résidence, et parquéss  tels des animaux dans des complexes donnant accès directement aux mines dans lesquelles ils travaillent. Deux années plus tard la découverte d'un nouveau filon aurifère à Transvaal (Johannesburg) (le plus grand au monde) accentuera la descente aux enfers des noirs africains sur un fond de rivalité entre les Britanniques et les Afrikaners. La guerre inévitable éclate en 1899 entre les Boers (afrikaners) et les Britanniques. En 1902, les Britanniques sortent victorieux et annexent les États afrinakers, d'Orange et Transvaal occupant ainsi 90 % de l'Afrique du Sud.

Ces annexions n'améliorent en rien la vie des Africains, car en 1910 avec la création de l'Union sud-africaine, la couleur Bar ( barrière de couleur) promulguée par le gouvernement britannique en 1911, loi sur les mines et les travaux  réservant aux Européens l'accès aux emplois spécialisés et semi-spécialisés, comme fût le cas le 6 juillet 1938 sous le IIIe Reich ou le régime nazi à Nuremberg interdisant aux juifs certains métiers, Les Afrikaners et les Anglais accordent en 1913, 7% des territoires aux natifs (peuples autochtones et majoritaires), ils leurs interdissent par la même de s'installer dans les zones réservées aux blancs et leurs imposent de s'acquitter d'une somme d'argent s'ils veulent participé aux votes électoraux. Restant dans la continuité du racisme exacerbé envers les populations noires, les Britanniques et les Afrikaners mettent en place les prémices de l'apartheid qui prendra toute son ampleur au 20e siècle.

En 1912 pour contrer la montée du racisme dont sont victimes les noirs, les Africains créent l'ANC (African National Congress).En 1927 pour protéger "la pureté de la race blanche" le gouvernement britannique promulgua l'Immoralité Act  qui interdisait des rapports sexuels interraciaux, des mariages, qui sera repris par les responsables national-socialistes du IIIe Reich, le 15 septembre 1935 sur " la protection du sang et de l'honneur allemand",

seuls les Afrikaners sont membres de l'Union sud-africaine : Louis Botha (de 1910 à 1919), Jan Smuts (de 1919 à 1924), James Hertzog (de 1924 à 1938), puis à nouveau Jan Smuts (de 1938 à 1948) tous élus par la population blanche qui contrairement aux noirs à le droit de voter. Les Noirs de la province du Cap pourront voter jusqu'en 1936 mais leurs voix (qu'il doivent payer) ne trouveront pas d'élus qui entendront leurs causes.

Pendant la guerre froide, le communisme, comme tout ce qui pourrait instaurer le désordre, est férocement combattu dans le pays (tortures, détentions arbitraires, exécutions, etc..). Dans le but de faciliter le travail des forces de l'ordre, une loi sur le terrorisme est votée.

En 1948 avec la venue au pouvoir de Daniel Malan et des groupes paramilitaires clandestins qui ont collaboré avec le IIIe Reih,ses anciens sympathisants de la cause hitlérienne ne cacheront pas leurs choix idéologiques, se précise le dessein des années de souffrances qui vont s'abattre sur l'Afrique du Sud. En effet, il fait promulguer une loi qui confirme les mesures ségrégationnistes créant ainsi une séparation légale entre "blancs et non-blancs ". Les blancs seront regroupés dans des habitations que l'on nommera "Group areas act" et les Noirs dans des "Homelands act", des "Bantoustans" ou dans des "Townships" semblables à des bidonvilles maintenus volontairement dans un état d'extrême pauvreté : exemple Sophiatown qui après la déportation de ses habitants noirs aux abords de Johannesburg devient Soweto, c.-à-d. South West Townships. Une loi dite loi sur l' immoralité (Immorality act : 1950) interdira les mariages et les relations intimes interraciaux. Ces actes  seront considérés comme plus graves qu'un adultère. Cette loi donnera aussi la possibilité aux policiers d'effectuer des perquisitions dans les maisons des particuliers sur simple présomption. En moins de deux décennies, l'arsenal juridique de l'Apartheid ne comptera pas moins de deux cents lois, décrets, ordonnances et résolutions, chacune de ces lois s'appliquant de manière régulière, normale, avec sévérité, voire impitoyablement.Rosa Amelia Plumelle-Uribe, La Férocité Blanche .

Deux années plus tard, la loi d'enregistrement de la population (Population Registration Act) définit selon des critères biologiques, les différents groupes raciaux. Mais la même année, la communauté internationale commence à émettre des réticences face au gouvernement ségrégationniste d'Afrique du Sud et exclura le pays du Commonwealth en 1961. Cela ne change en rien la situation des noirs d'Afrique du Sud qui se voit subir en 1953 le « Reservation Of Separate Amenities Act ». Cette loi est due à un arrêt de la Cour Suprême qui a jugé la séparation raciale illégale étant donné qu'il n'y avait pas d'aménagements destinés exclusivement aux Blancs et aux Noirs disposés de manière égalitaire. Cet arrêt prévoit donc des installations équivalentes, mais séparées dans les lieux publics. Hôtels, restaurants, cimetières, jardins publics, ascenseurs, piscines, bancs, bureaux de poste, les plages (1960), (etc.) deviennent officiellement séparés, les blancs d'un côté, les Noirs et Coloureds de l'autre.

En 1954, Johannes Strijdom succède à Daniel Malan, mais c'est sous le mandat d'Hendrik Verwoerd que la répression contre le peuple noir atteint son paroxysme. De 1958 à 1966, les populations noires sont massacrées de manière abusive et sans motif réel. Lors d'une manifestation (de noirs) à Shaperville en 1960, la police tire à balle réelle sur la foule et fait une dizaine de morts. Pendant cette période les grands mouvements noirs, dont l'ANC, sont interdits. Son leader le grand Nelson Mandela « l'Umkhonto We Sizwe » est condamné à la prison à vie en 1962.

"Les puissances alliées ont donc accepté l'arrivée et l'installation au pouvoir des nazis sud-africains, comme elles acceptèrent, en 1933, l'arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne. D'abord, parce que le régime de l'Apartheid, en supprimant de son discours l'aberration des théories nazies, paraissait fréquentable.Ses dirigeants ont bénéficié du soutien sans faille des puissances du monde libre (Angleterre, États-Unis, France...) dès lors qu'ils ne cherchaient pas imposer, à l'inverse des criminels du IIIe Reich la domination hégémonique de la race aryenne sur les non aryens, blancs et non blancs confondues. Cette seule variante a suffi pour que d'éminentes personnalités du monde occidental, ayant gagné leurs galons dans le combat contre le Nazisme, non seulement s'identifient à d'anciens nazies sud-africains,mais mettent leur prestige au service de la respectabilité des dirigeants de l'apartheid".Rosa Amelia Plumelle-Uribe, La Férocité Blanche .

En 1966 John Voster devient premier ministre en lieu et place d'Hendrik Verwoerd qui se fera assassiné. S'il montre un certain acharnement à combattre le communisme, il dépensera autant d'énergie à opprimer le peuple noir en restant dans la continuité de son prédécesseur. En 1976, à Sowéto, lors d'une nouvelle manifestation la police obtient l'autorisation de faire feu sur la foule qui compte dans ces rangs de nombreux enfants. Le nombre de morts s'élèvera à environ 600 morts, il sera revu à la hausse, car la plupart des personnes qui seront arrêtées ce jour-là seront torturées, c'est le cas de Steve Biko qui décèdera dans des conditions mystérieuses.

Les pressions du monde qui ont les yeux rivés sur l'Afrique du Sud à ce moment-là auront raison du premier ministre John Vorster qui se voit contraint à la démission et sera remplacé par Peter Botha en 1978. Les Nations Unies sanctionnent la politique ségrégationniste de l'Afrique du Sud et l'Apartheid isole le pays de la scène internationale. Un embargo économique est décrété, mais cela n'affecte en rien le pays qui riche de ses ressources peut vivre en autarcie.

Les années 80 voient se radicaliser les manifestations noires contre l'oppression blanche. En 1983 Peter Botha obtient par référendum, une réforme de la constitution qui permet d'associer les Indiens et les Métis au pouvoir. Mais le peuple noir réagit avec la même ferveur contre le système en place, ils résistent, mais dénombre beaucoup de morts parmi ses rangs, les townships sont mis à feu et à sang. Une année après Peter Botha devient président de la République. Il fait réformer le parlement, les Blancs, les Indiens et les Coloureds sont placées dans des chambres séparées. Les noirs obtiennent la citoyenneté (ironique?!!) et sont acceptés dans les villes. Peter Botha fait supprimer l'obligation des passeports pour les noirs, se profile alors l'idée d'une ouverture vers un partage des pouvoirs entre les noirs et les blancs.

On voit apparaitre sur le plan international de nombreuses associations (Amnistie Internationale, etc.) qui s'élèvent contre l'apartheid. La fin de la guerre froide permet l'ouverture de négociation. Le Cosatu, puissant syndicat de travailleurs noirs organise une grande grève qui paralyse une partie du pays. En 1985, Monseigneur Desmond Tutu, secrétaire général anglican du Conseil des Églises d'Afrique du Sud, reçoit le prix Nobel de la Paix favorisant ainsi des pourparlers sont engagés entre Nelson Mandela et Olivier Tambo. 

L'état d'urgence est décrété en 1986 et le gouvernement met en place une politique d'assassinat systématique des grands leaders noirs et de leurs sympathisants espérant ainsi détruire la détermination qu'a le peuple noir de se défaire du joug de cette oppresseur. Le Canada et les États-Unis mettent en place des pressions économiques et politiques qui font plier le gouvernement De Klerk, vers un début d'abolition de cette ségrégation raciale en 1989. La même année Peter Botha meurt d'une attaque cérébrale. De nombreusess réformes seront entreprises l'ANC, l'United Democratic Front et le communisme sont légalisés. La levée de l'état d'urgence, la libération des prisonniers politiques et la suspension de la peine de mort sont les conditions qu'impose l'organisation ANC lors de la "déclaration Harare" pour un retour vers les négociations visant à la disparition de l'apartheid.

Après 28 années de détention, Nelson Mandela est libéré le 11 février 1980, les caméras du monde entier retransmettent cet évènement. Il rencontre Fréderick De Klerk pour mettre en place une solution pacifique pour sortir de l'apartheid. Ces négociations sont approuvées le 17 mars 1992 par 68% de l'électorat blanc.le 18 novembre de l'année d'après une constitution intérimaire est adoptée. Le 27 avril 1994 à lieu la première élection multiraciale en Afrique du Sud, Nelson Mandela est élu avec 63% des voix et devient le premier président noir du pays le 10 mai 1994. une nouvelle constitution est adopté en décembre 1996.

Pour leurs démarches visant à mettre fin à l'apartheid Nelson Mandela et Frédérick De Klerk reçoivent en 1993 le prix Nobel de la paix.

L'apartheid a laissé des traces indélébiles en Afrique du Sud, une souffrance indicible marquée aux fers dans la chair du peuple noir. Malgré cela fort d'une sagesse millénaire, le peuple noir s'inscrit derrière Nelson Mandela quand avec Thabo M' Beki il met en place la Commission "Thrut and Reconciliation" (Vérité et Réconciliation) qui sera présidée par l'archevêque Desmond Tutu.

De nombreuses victimes viendront raconter les tortures qu'elles ont endurées, mais aussi les nombreux membres de leurs familles qu'ils ont perdues espérant ainsi être soulagées et avoir des réponses de la part des bourreaux qui viendront aussi témoignés entre 1996 et 1997.

Nous voyons ici une fois de plus une similitude de comportement sauvage et agressif  des hommes blancs envers des populations (indiens, aborigènes, africains, etc..) paisibles, spirituellement tourné vers le sens du divin. L'histoire devrait retenir la grandeur d'âme et la sagesse de coeur des ses hommes et femmes noirs qui par delà leurs souffrances ont su tendre la main afin d'avancer vers un avenir meilleur.

 shenoc le 26/06/07

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