Empire du Songhoï(Songhaï)

 

Tombe de Askia Mohamed (en forme de pyramide)

Pour l'histoire africaine, la tradition orale reste un élément très important pour tous les types d'investigations, et c'est de cette tradition que l'on établira l'origine égyptienne du peuple Songhoï. À travers le livre de Félix Dubois, on apprendra que le premier roi des Songhoï Dialliaman signifiant "il est venu du Yémen" s'est retrouvé avec son frère dans une ville nommée Kokia. Cette ville, qui selon le Taariik, se situait aux abords d'un grand fleuve présent à l'époque des pharaons, que les Marabouts définissaient comme une ville du pays de Misr (Égypte) et dont les habitants vénéraient un poisson, qui fut tué par l'un des deux frères ce qui lui vaut d'être désigné comme roi.

"Quel fleuve voyons-nous sur les cartes, à l'est de Gao? Aucun, grand ou petit sinon le Nil, c'est donc sur ses bords uniquement que pouvait s'élever Kokia situé près d'un grand fleuve". Dès lors, on s'explique aisément que l'auteur, pour indiquer l'ancienneté de la ville, ait dit qu'elle existait déjà du temps des pharaons, et que l'un deux ait fait venir des magiciens pour les opposer à Moïse. Il est probable que c'est d'un pays proche et vassal de l'Égypte qu'il dut les appeler. D'autre part, leYémen est voisin de la vallée du Nil. L'arrivée de Dialliaman à Kokia est assez naturelle: l'état dans lequel on nous le dépeint à son entrée dans la ville se conçoit, après la traversée du désert qui sépare le Nil et la mer Rouge. Ferais-je observer encore que le culte du poisson-dieu est éminemment égyptien? Entre autres dieux, les peuples des Pharaons adoraient des animaux, et parmi eux, un poisson du Nil leur représentait la Déesse Hathor. «Félix Dubois, Tombouctou la mystérieuse. Paris E. Flammarion 1897».

Sous Askia Mohammed, fondateur de la dynastie des Askia, cet empire s'étendait depuis l'Est du Niger jusqu'à l'Océan Atlantique et de la frontière du pays Binoko jusqu'à Teghezza et ses dépendances; la ville de Kokia en est son berceau. Le Songhaï est l'héritier de la renommée du Mali.

Tarikh es Soudan nous précise ceci: «Dans leurs annales, les peuples de l'Orient ont relaté le voyage du prince; ils ont marqué leur étonnement de la puissance de son empire, mais ils n'ont pas dépeint Kankan Moussa comme un homme large et généreux. C'est qu'en effet, malgré l'étendue de ses Etats, il ne donna en aumônes dans les deux villes saintes qu'une somme de vingt mille pièces d'or, tandis Askia El Hâdj-Mohammed consacra au même objet cent mille pièce d'or».

Le 30 janvier 1468, Sonny Ali vient au secours du Tombouctou-Koï (administrateur de la ville) mettant ainsi fin à 34 années  de pillages et de massacres perpétrés par les touaregs sur la ville de Tombouctou. Ces mêmes touaregs deviendront les vassaux de l'empire songhaï sous le règne des Askia de Kaoga et seront tenus dès lors de livrer des troupes en cas d'attaque ou de conquête, et de payer une redevance à l'empire Songhaï. Le Bara, pays des Berbères Senhâdja-Nou sera conquit peu de temps après par Sonni Ali, s'en suivra la chute de toutes les villes berbères des environs ainsi que du pays de Kounta.

L'Empire Songhay fut le plus puissant état connu dans l'histoire du Soudan occidental, sa prospérité reposait principalement sur un commerce transsaharien, qui favorisait le développement des villes telles que Tombouctou, et Gao (ville productrice de poudre d'or, la première selon l'auteur Bekri,) qui, de par sa position géographique sur l'une des routes menant de l'Égypte au Ghana (pays de l'or), devait grandement bénéficier de ces apports commerciaux.

Le roi entreprenait beaucoup d'expéditions en dehors du pays afin d'acquérir d'autres biens (butins), c'est ainsi qu'en 1513 il alla en Kachena, et en 1514 fit campagne contre le sultan d'Agadez, El-Odâla.

En 1539 Askia Ishaq 1er monte sur le trône, et le roi du Maroc, Ahmed Maulay crut bon d'asseoir son autorité en lui demandant de lui livrer les mines de sel situées à Teghezza. Voici ce que le roi du Songhaï lui répondit:

 "Le Ahmed qui a écouté ces conseils ne saurait être l'empereur actuel du Maroc et quant à l'Ishaq qui l'écoutera ce n'est pas moi; cet Ishaq-là est encore à naître."

Tarikh es Soudan nous dit: "que le roi envoya en retour deux mille de ses touaregs leur demandant de saccager l'extrémité de la région de Dra'a du côté de Merrâkeck, de ne tuer personne et de revenir sur leurs pas".

Il ajoute aussi que "le roi Askia Mohammed soumit les peuples par le glaive et par la force jusqu'au Teghezza et qu'il fut aussi docilement obéi dans tous ces états que dans son propre palais". L'empire du Songhaï était divisé en provinces, cantons, villages, villes importantes (Tombouctou, Djenné), places fortes (Oualata, Néma, Teghezza).

C'est en 1571 que l'Askia Daoud partit au combat contre les Arabes de Bentanda. Il était à la tête d'un contingent d'homme du royaume et de 24 000 touaregs qui montrèrent leurs fidélités à l'empire face aux attaques arabes. Le 30 octobre  1590 les Marocains avides des richesses du sous-sol africain envoyèrent des troupes de trois à quatre milles soldats et des centaines d’auxilliaires pour combattre et détruire l'empire, ils parviennent à Tondibi situé à 50km de la capitale Gao du Songhaï, et le 12 mars 1591, l'empire succomba sous les armes à feu des envahisseurs, ces derniers détruisirent le pouvoir politique Songhaï .

Des similitudes existent entre l'Egypte et le Songhoï ainsi comme nous fait remarquer Delafosse: "Dans beaucoup de pays du Soudan, on a usé et on use encore des mots Fari, Farima, Farhama, Fama (Mandé), Faran (Songhaï), Fara (Haoussa), Far-Ba (Ouolof), qui proviennent peut être de la racine Far: signifiant sommet, cime, chef, prince, d'où dérive également le titre des Pharaons".

PS: Ces racines étymologiques confirment aussi l'appartenance de l'Egypte à l'Afrique noire.

Askia Mohammed passe pour être un roi juste, le voyageur Ibn Battûta nous dit à travers ses mots ce qu'il a trouvé de juste et de bon chez les Nègres: " les actes d'injustices sont rares chez eux; de tous les peuples, c'est celui qui est le moins porté à en commettre, et le Sultan (roi nègre) ne pardonne jamais à quiconque s'en rend coupable. De toute l'étendue du pays, il règne une sécurité parfaite; on peut y demeurer et voyager sans craindre le vol ou le rapine. Ils ne confisquent pas les biens des hommes blancs qui meurent dans leur pays, quand même la valeur en serait immense, ils n'y touchent pas; au contraire, ils préposent à l'héritage des curateurs choisis parmi les hommes blancs et il reste entre leurs mains jusqu'à ce que les ayants droit viennent le réclamer."

Ayant échoué sous Askia Ishaq 1er, le sultan du Maroc entreprit alors de conquérir l'empire sous le règne de l'Askia Ishaq II. La bataille qui en résulta en mars 1591, à Tondibi, à proximité de Gao, mit fin au puissant Empire Songay, la dernière importante organisation étatique du Soudan occidental médiéval.

 

 

 Shenoc le 08/12/2005

 

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