Dominique Mendy (1909-2003)

 

Dominique Mendy

Journaliste pour "Sud-Ouest", et "France-Soir", Dominique Mendy s'engage comme photographe dans la résistance en 1940 (pour les renseignements généraux). Il hébergera des aviateurs et des parachutistes anglais à Bordeaux et aura à charge le transport de matériel de guerre entre la France et l'Angleterre. Trahi par l'un des siens, il sera arrêté le 21 avril 1944 et interné au camp de transit de Drancy, où il fut torturé (main gauche écrasée, brûlures de cigarette sur le corps et autres supplices corporels) par la Gestapo afin qu'il livre les noms de ses compagnons de résistance, mais Dominique Mendy ne parlera pas, il sera donc condamné à mort par la Gestapo qui dans un dernier espoir, simulera son exécution afin de l'obliger à donner des renseignements, mais rien y fait.

Ils le déporteront en Allemagne, à Neuengamme, où il sera séparé des autres français et lors des nombreux interrogatoires, il racontera avoir été enlevé par les Français à Dakar et se fera passer pour un esclave ayant peur des blancs. Chance pour lui son surveillant (Kapo) de camp né au Cameroun le prendra en pitié et l'engagera comme domestique, ce qui lui évitera les travaux forcés.

Cela n'empêchera pas les tortures, les brimades, les insultes et les coups des soldats. "Les SS me taquinaient en me demandant pourquoi tu es noir, je leur répondais: Je suis Noir. C'est parce qu'il n'y a pas de savon ici pour se laver. Alors, il me donnait un morceau de savon".

Dominique Mendy se faisait passer pour fou devant les SS allant jusqu'à vouloir prendre la place d'un prisonnier devant le peloton d'exécution. De temps à autre la femme du commandant ayant pitié de lui, lui apportait une pomme ou une poire qu'il s'empressait de partager avec ses compagnons d'infortune. Parfois, il arrivait à obtenir quelques croûtons de pain et en faisait de même.

Considéré comme un fou, les officiers allemands ne se méfièrent pas de lui et le laissèrent déambuler dans le camp. Il assistera ainsi aux meurtres d'enfants (bébé compris), de femmes et assista aussi à la déportation des  personnes (hommes, femmes, enfants) destinées aux expériences faites par le Dr. Heissmeyer.

Selon Dominique Mendy, son séjour à Neuengamme fut comparable à celui des esclaves capturés à Gorée. En effet, toutes les formes de violences et d'humiliations physique et morale  y étaient effectuées.

Dans ce camp, Mendy rencontrera un de ses compatriotes, Sidi Camara, déporté le même jour que lui. Tous deux se soutiendront mutuellement en se remettant à Dieu lors de cette horrible épreuve.

De vibrants hommages (dont celui de Serge Bilé dans son livre "Noirs dans les camps Nazis) ont été rendus à Dominique Mendy, cet homme qui n'hésitait pas à partager la moindre miette de nourriture avec ses co-détenus et qui malgré sa souffrance pensait toujours aux autres.

À travers cet écrit nous souhaitons rendre hommage à tous ces hommes noirs (environ 30 000 dont Sidi Camara, Paul Pintard, Ambroise Bilan, Isidore Alpha, John William et bien d'autres) oubliés (volontairement ou non), qui ont subi ces atroces souffrances du fait de leur couleur de peau pendant la deuxième guerre mondiale.

 

 

 Shenoc le 06/02/2006

[Accueil][Actualité][Peuple Noir][culture][litterature][Contact]

 

©2006 Shenoc. Tous droits réservés.