|
Thomas Sankara |
Thomas Isidore Noël Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako, Haute-Volta (Burkina Faso). Ce grand homme fut militaire, homme politique panafricaniste à l'écoute du tiers monde et le meneur de la révolution burkinabé du 4 août 1983. C'est sous son impulsion que la Haute-Volta fut renommée Burkina Faso qui signifie "le pays des hommes intègres". Il fait partie de ces leaders reconnus par la jeunesse africaine (Patrice Lumumba, Amílcar Cabral, Kwame Nkrumah, etc.) qui se sont battus pour l'émancipation de l'Afrique.
Thomas Sankara met en place de nombreuses réformes dans le domaine de l'éducation, de l'agriculture et de la santé. Il combat avec fermeté la corruption et améliore la condition de la femme. Sa volonté de faire du Burkina Faso un pays libre se heurte au mépris des anciennes classes dirigeantes et à la colère des classes moyennes qui voient en son avènement la fin de leurs privilèges.
La politique du développement de l’agriculture entreprise par Mr le président Thomas Sankara avait pour but d'atteindre la souveraineté alimentaire et de privilégier la production locale face à toutes formes d’importations. Sa politique économique et sociale fera naître d'énormes acquis sociaux au peuple Burkinabé. Profitant de sa popularité, Thomas Sankara entreprit une campagne auprès de ses homologues africains dans le but de les convaincre de ne plus payer la dette que les anciens pays esclavagistes ou colonisateurs exigeaient et proposait la démilitarisation des pays africains à commencer par le sien, l'argent recueilli sera transféré à l'éducation, la santé, le logement; bien entendu la démarche du président Sankara dérangea l'Occident au point que les organismes financiers comme le FMI, la BM et la France de Mitterrand avaient suspendu toutes formes de crédits dont il avait besoin mais malgré cela les conditions de vie de la population était nettement meilleures.
Sankara fit ses études secondaires au Lycée Ouézin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, puis il suivit une formation d'officier à Madagascar et devint en 1976 commandant du centre de commando de Pô. La même année, il fait la connaissance de Blaise Compaoré avec lequel il formera le Regroupement des officiers communistes (ROC) dont les plus connus sont Henri Zongo et Jean-Baptiste Boukary Lingani. En 1981, il est secrétaire d'État à l'information sous le gouvernement du colonel Saye Zerbo qu'il quittera le 21 avril 1982 en déclarant: "Malheur à ceux qui bâillonnent le peuple !"
Le 7 novembre de la même année Jean-Baptiste Ouédraogo prend le pouvoir par un coup d'État et le nomme en janvier 1983 premier ministre. Le 17 mai, après une visite de Guy Penne conseiller de François Mitterand, Thomas Sankara fut limogé et mis aux arrêts. Le 4 août 1983, un nouveau coup d'État vient ébranler le pays portant à sa tête Thomas sankara. Dans son discours intitulé "Discours d'orientation politique" que lui écrira Valère Somé, on pût voir toute la motivation qu'il avait à combattre l'impérialisme qui gangrénait son pays. Les chefs traditionnels perdent leurs privilèges, Le CDR (comité de défense de la révolution) voit le jour, avec pour objectif de nettoyer le pays de toute velléité visant à sa régression.
|
Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné à Ouagadougou lors d'un coup d'État mené par son ami de toujours Blaise Compaoré (avec lequel il avait formé le ROC en 1976). Sa mort qui sera plus tard considérée comme naturelle, sera condamnée en 2006 par le comité des droits de l'Homme des Nations Unies.
Figure incomparable de la politique africaine et mondiale [1949-1987], radicalement insoumis à tous les paternalismes et docilisations, pourtant plus sûrs placements en longévité politique post-coloniale, Thomas Sankara a légué aux générations futures la verve et l'énergie de l'espoir, l'emblème de la probité et la conscience historique de l'inaliénabilité de la lutte contre toutes oppressions. Prononcé lors de la 39ème Session de l'Assemblée Générale des Nations-Unies le 4 Octobre 1984, son discours historique à n'en point douter, mérite de constituer l'humus fertilisant des nouvelles consciences en mouvement, avides de justice, de liberté, d'enrichissements mutuels.
Depuis la mort de Thomas sankara les choses n'ont fait qu'empirer en Afrique, les nouveaux dirigeants sont plus que jamais à la solde de l'Occident pilleur de toutes les ressources naturelles de l'Afrique au détriment du peuple.
Discours de Thomas SANKARA à l'ONU le 4 octobre 1984
« Permettez, vous qui m'écoutez, que je le dise: je ne
parle pas seulement au nom de mon Burkina Faso tant aimé, mais également au nom
de tous ceux qui ont mal quelque part.
Je parle au nom de ces millions d'êtres qui sont dans les ghettos parce qu'ils
ont la peau noire ou qui sont de cultures différentes et qui bénéficient d'un
statut à peine supérieur à celui d'un animal.
Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis
des siècles dans des réserves, afin qu'ils n'aspirent à aucun droit et que leur
culture ne puisse s'enrichir en convolant en noces heureuses au contact
d'autres cultures, y compris celle de l'envahisseur.
Je m'exclame au nom des chômeurs d'un système structurellement injuste et
conjoncturellement désaxé, réduits à ne percevoir de la vie que le reflet de
celle des plus nantis.
Je parle au nom des femmes du monde entier qui souffrent d'un système
d'exploitation imposé par les mâles. En ce qui nous concerne, nous sommes prêts
à accueillir toutes suggestions du monde entier nous permettant de parvenir à
l'épanouissement total de la femme burkinabé. En retour, nous donnons en
partage, à tous les pays, l'expérience positive que nous entreprenons avec des
femmes désormais présentes à tous les échelons de l'appareil d'État et de la
vie sociale au Burkina Faso. Des femmes qui luttent et proclament avec nous que
l'esclave qui n'est pas capable d'assumer sa révolte ne mérite pas que l'on
s'apitoie sur son sort.
|
Cet esclave répondra seul de son malheur s'il se fait des
illusions sur la condescendance suspecte d'un maître qui prétend l'affranchir.
Seule la lutte libère et nous en appelons à toutes nos sœurs de toutes les
races pour qu'elles montent à l'assaut pour la conquête de leurs droits.
Je parle au nom des mères de nos pays démunis qui voient mourir leurs enfants
de paludisme ou de diarrhée, ignorant qu'il existe, pour les sauver, des moyens
simples que la science des multinationales ne leur offre pas, préférant
investir dans les laboratoires de cosmétiques et dans la chirurgie esthétique
pour les caprices de quelques femmes ou d'hommes dont la coquetterie est
menacée par les excès de calories de leurs repas trop riches et d'une
régularité à vous donner, non, plutôt à nous donner, à nous autres du Sahel, le
vertige. Ces moyens simples recommandés par l'OMS et l'UNICEF, nous avons
décidé de les adopter et de les populariser.
Je parle aussi au nom de l'enfant. L'enfant du pauvre qui a faim et louche
furtivement vers l'abondance amoncelée dans une boutique pour riches. La
boutique protégée par une épaisse vitre. La vitre défendue par une grille
infranchissable. Et la grille gardée par un policier casqué, ganté et armé de
matraque. Ce policier placé là par le père d'un autre enfant qui viendra se
servir ou plutôt se faire servir parce que présentant toutes les garanties de
représentativité et de normes capitalistiques du système.
Je parle au nom des artistes - poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, acteurs
- hommes de bien qui voient leur art se prostituer pour l'alchimie des
prestidigitations du show-business.
Je crie au nom des journalistes qui sont réduits soit au silence, soit au mensonge, pour ne pas subir les dures lois du chômage.
Je proteste au nom des sportifs du monde entier dont les muscles sont exploités par les systèmes politiques ou les négociants de l'esclavage moderne.
Mon pays est un concentré de tous les malheurs des peuples, une synthèse douloureuse de toutes les souffrances de l'humanité, mais aussi, et surtout des espérances de nos luttes.
C'est pourquoi je vibre naturellement au nom des malades qui scrutent avec anxiété les horizons d'une science accaparée par les marchands de canons. Mes pensées vont à tous ceux qui sont touchés par la destruction de la nature et à ces trente millions d'hommes qui vont mourir comme chaque année, abattus par la redoutable arme de la faim...
Je m'élève ici au nom de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils pourront faire entendre leur voix et la faire prendre en considération, réellement. Sur cette tribune beaucoup m'ont précédé, d'autres viendront après moi. Mais seuls quelques-uns feront la décision. Pourtant, nous sommes officiellement présentés comme égaux. Eh bien, je me fais le porte-voix de tous ceux qui cherchent vainement dans quel forum de ce monde ils peuvent se faire entendre. Oui, je veux donc parler au nom de tous les « laissés pour compte » parce que « je suis homme et rien de ce qui est humain ne m'est étranger » ».
La Patrie ou la Mort
Au sujet du fonctionnement de l'OUA
C'est pourquoi je voudrais proposer, Monsieur le Président, que nous établissions un barème de sanctions pour les chefs d'États qui ne répondent pas présents à l'appel. Faisons en sorte que par un ensemble de points de bonne conduite, ceux qui viennent régulièrement, comme nous par exemple, (rires de l'assistance et regard sage de Yasser Arafat) puissent être soutenus dans certains de leurs efforts. Exemple: les projets que nous soumettons à la BAD, la Banque africaine de développement, doivent être affectés d'un coefficient d'africanité (applaudissements). Les moins africains seront pénalisés. Comme cela tout le monde viendra aux réunions ici...
Au sujet de la dette des pays africains
Nous estimons que la dette s'analyse d'abord de par ses origines. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l'argent, ce sont ceux-là qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient les États et les économies. Ce sont les colonisateurs qui endettaient l'Afrique auprès des bailleurs de fonds, leurs frères et cousins (regards approbateurs de Kenneth Kaunda et attentifs de Samora Machel).
Nous étions étrangers à cette dette, nous ne pouvons donc pas la payer.
La dette, c'est encore les néocolonialistes ou les colonisateurs qui se sont transformés en assistants techniques. En fait, nous devrions dire qui se sont transformés en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des bailleurs de fonds, un terme que l'on emploie chaque jour comme s'il y avait des hommes dont le bâillement suffisait à créer le développement chez d'autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des montages financiers alléchants, des dossiers. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C'est-à-dire que l'on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus.
|
Mais la dette, sous sa forme actuelle, contrôlée et dominée par l'impérialisme, est une reconquête savamment organisée, pour que l'Afrique, sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangères, faisant en sorte que chacun de nous devienne l'esclave financier, c'est-à-dire l'esclave tout court, de ceux qui ont eu l'opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l'obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n'est pas une question morale, ce n'est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser.
Monsieur le Président, nous avons écouté et applaudi le premier ministre de Norvège lorsqu'elle est intervenue ici même. Elle a dit, elle qui est européenne, que toute la dette ne peut pas être remboursée. Je voudrais simplement la compléter et dire que la dette ne peut pas être remboursée. La dette ne peut pas être remboursée parce que d'abord si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre si nous payons, c'est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également.
Ceux qui nous ont amené...ceux qui nous ont conduits à l'endettement ont joué comme dans un casino. Tant qu'ils gagnaient, il n'y avait point de débat. Maintenant qu'ils ont perdu au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président, ils ont joué, ils ont perdu, c'est la règle du jeu. Et la vie continue. (Applaudissements)
Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous n'avons pas de quoi payer. Nous ne pouvons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu'au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c'est-à-dire la dette de sang. C'est notre sang qui a été versé.
On parle du Plan Marshall qui a refait l'Europe économique. Mais l'on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l'Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacées, leurs stabilités étaient menacées.
On en parle très peu. On en parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louanges, nous en avons au moins le devoir, de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l'Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme.
La dette, c'est aussi la conséquence des affrontements. Et lorsqu'on nous parle aujourd'hui de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n'est pas venue de façon subite. La crise existe de tous temps et elle ira en s'aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leurs droits face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd'hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l'étranger des sommes colossales qui suffiraient à développer l'Afrique. Il y a crise parce que face à ces richesses individuelles que l'on peut nommer, les masses populaires refusent de vivre dans les ghettos et dans les bas quartiers. Il y a crise parce que les peuples, partout, refusent d'être dans Soweto face à Johannesburg. Il y a donc lutte et l'exacerbation de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s'inquiéter.
On nous demande aujourd'hui d'être complices de la recherche d'un équilibre. Équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier. Équilibre au détriment de nos masses populaires. Non ! Nous ne pouvons pas être complices. Non; nous ne pouvons pas accompagner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples. Nous ne pouvons pas les accompagner dans leurs démarches assassines.
Monsieur le Président, nous entendons parler de clubs, club de Rome, club de Paris, club de Partout. Nous entendons parler du groupe des cinq, des sept, du groupe des dix, peut-être du groupe des cent, que sais-je encore. Il est normal que nous créions notre club et notre groupe. Faisons en sorte que dès aujourd'hui Addis-Abeba devienne également le siège, le centre d'où partira le souffle nouveau: Le Club d'Addis-Abeba.
Nous avons le devoir aujourd'hui de créer le front uni du Club d'Addis-Abeba contre la dette. Ce n'est que de cette façon que nous pourrons dire aux autres qu'en refusant de payer, nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse, mais au contraire dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste, les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Mais Ceux qui veulent exploiter l'Afrique sont les mêmes qui exploitent l'Europe. Nous avons un ennemi commun. Donc notre club parti d'Addis-Abeba devra également dire aux uns et aux autres que la dette ne saura être payée. Quand nous disons que la dette ne saurait être payée, ce n'est point que nous sommes contre la morale, la dignité, le respect de la parole. Nous estimons que nous n'avons pas la même morale que les autres. Entre le riche et le pauvre, il n'y a pas la même morale.
La Bible, le Coran, ne peuvent pas servir de la même manière celui qui exploite le peuple et celui qui est exploité. Il faudra qu'il y ait deux éditions de la Bible et deux éditions du Coran. (Applaudissements) Nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle de dignité. Nous ne pouvons pas accepter que l'on nous parle du mérite de ceux qui paient et de perte de confiance vis-à-vis de ceux qui ne paieraient pas. Nous devons au contraire dire que c'est normal aujourd'hui. Nous devons au contraire reconnaître que les plus grands voleurs sont les plus riches. Un pauvre quand il vole ne commet qu'un larcin, une peccadille tout juste pour survivre et par nécessité. Les riches, ce sont eux qui volent le fisc, les douanes et qui exploitent les peuples.
Monsieur le Président, ma proposition ne vise pas tout simplement à provoquer ou à faire du spectacle. Je voudrais dire ce que chacun de nous pense et souhaite. Qui ici ne souhaite pas que la dette soit purement et simplement effacée. Celui qui ne le souhaite pas, il peut sortir, prendre son avion et aller tout de suite à la banque mondiale payer. Nous tous le souhaitons. (Rires et applaudissements)
Ma proposition n'est pas non plus... Je ne voudrais pas qu'on prenne la proposition du Burkina Faso comme celle qui viendrait de la part de jeunes sans maturité, sans expérience. Je ne voudrais pas non plus qu'on pense qu'il n'y a que des révolutionnaires à parler de cette façon. Je voudrais qu'on admette simplement que c'est l'objectivité et l'obligation. Et je peux citer, dans les exemples de ceux qui ont dit de ne pas payer la dette, des révolutionnaires, comme des non-révolutionnaires, des jeunes comme des vieux. Je citerai par exemple, Fidel Castro qui a déjà dit de ne pas payer, il n'a pas mon âge, même s'il est révolutionnaire. Mais je pourrais citer également François Mitterrand qui a dit que les pays africains ne pouvaient pas payer, les pays pauvres ne peuvent pas payer. Je pourrais citer Madame le Premier Ministre...je ne connais pas son âge et je m'en voudrais de le lui demander. Mais... (Rires) c'est un exemple. Je voudrais citer également Félix Houphouët Boigny, il n'a pas mon âge. Cependant, il a déclaré officiellement et publiquement, du moins pour ce qui concerne son pays, que la Côte d'Ivoire ne peut pas payer. Or, la Côte d'Ivoire est classée parmi les pays les plus aisés d'Afrique, au moins d'Afrique francophone. C'est pourquoi il est normal qu'elle paye plus, en contribution, ici (éclats de rires).
Mais, Monsieur le Président, ce n'est donc pas de la provocation. Je voudrais que très sagement vous nous offriez des solutions. Je voudrais que notre conférence adopte la nécessité de dire clairement que nous ne pouvons pas payer la dette, non pas dans un esprit belliqueux, belliciste, ceci, pour éviter que nous allions individuellement nous faire assassiner. Si le Burkina Faso tout seul refuse de payer la dette, je ne serais pas là à la prochaine conférence. Par contre, avec le soutien de tous, dont j'ai besoin, (applaudissements) avec le soutien de tous, nous pourrons éviter de payer. Et en évitant de payer, nous pourrons consacrer nos maigres ressources à notre développement.
|
Burkina Faso |
Ce n'est pas contre un Européen, ce n'est pas contre un Asiatique, c'est contre un Africain. Par conséquent, nous devons également dans la lancée de la résolution de la question de la dette, trouver une solution au problème de l'armement. Je suis militaire et je porte une arme. Mais Monsieur le Président, je voudrais que nous nous désarmions. Parce que moi je porte l'unique arme que je possède, d'autres ont camouflé les armes qu'ils ont. (Rires et applaudissements)
Alors, chers frères, avec le soutien de tous, nous pourrons faire la paix chez nous. Nous pourrons également utiliser ses immenses potentialités pour développer l'Afrique parce que notre sol et notre sous-sol sont riches. Nous avons suffisamment de bras et nous avons un marché immense, très vaste du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest. Nous avons suffisamment de capacité intellectuelle pour créer ou tout au moins prendre la technologie et la science partout où nous pourrons les trouver.
Monsieur le Président, faisons en sorte que nous mettions au point ce front uni d'Addis-Abeba contre la dette. Faisons en sorte que ce soit à partir d'Addis-Abeba que nous décidions de limiter la course aux armements entre pays faibles et pauvres. Les gourdins et les coutelas que nous achetons sont inutiles. Faisons en sorte également que le marché africain soit le marché des Africains: produire en Afrique, transformer en Afrique et consommer en Afrique. Produisons ce dont nous avons besoin et consommons ce que nous produisons au lieu de l'importer. Le Burkina Faso est venu vous exposer ici la cotonnade, produite au Burkina Faso, tissée au Burkina Faso, cousue au Burkina Faso pour habiller les Burkinabés. Ma délégation et moi-même, nous sommes habillés par nos tisserands, nos paysans. Il n'y a pas un seul fil qui vienne de l'Europe ou de l'Amérique. (Applaudissements) Je ne fais pas un défilé de mode, mais je voudrais simplement dire que nous devons accepter de vivre africain. C'est la seule façon de vivre libre et de vivre digne.
Je vous remercie, Monsieur le Président.
La patrie ou la mort, nous vaincrons.
Shenoc le 31/12/2007
[Accueil][Peuples Noirs][Actualité][culture][litterature][Contact]
Les documents publiés sur ce site sont protégés. Leur utilisation sans l'accord des auteurs est interdite
©2007 Shenoc. Tous droits réservés.