Pensée Scientifique Noire Africaine

 

Par définition, la cosmologie est la connaissance de l'Univers, de son origine (cosmogonie), de sa structure et de son devenir. Chez tous les peuples, le mythe, la spéculation philosophique et la science ont permis d'élaborer, au cours des temps, des savoirs relatifs à cette connaissance de l'Univers.

 

Il existait pour étudier et mesurer les phénomènes célestes, cosmiques, des lieux spécifiques que l'on nomme des observatoires:

 

Dans le livre "le Renard Pâle", les auteurs M. Griaule et G. Dieterlen nous disent ceci: «Les positions solsticiales et équinoxiales apparentes du soleil seront mesurées par des visées faites en utilisant les 3 autels mono, "réunion", placés à l'ouest d'Ogol du Haut (correspondant aux 3 positions solaires)."

Ils poursuivent en ajoutant: "L'opérateur place verticalement un petit bâton au sommet des autels intéressés et se base sur un repère connu à l'horizon pour observer le soleil levant."  Précisant ainsi comment le prêtre astronome, l'observateur du cosmos procédait.

Les autels-observatoires, dans le pays d'Ogol du Haut, étaient édifiés sur les terrasses de maison, ou bien dans l'angle d'une cour. Les autels-observatoires étaient édifiés sur des rochers, dominant le pays, aux abords des villages, des contrées Guimini, Yougo, Yami. L'observateur faisait quatre fois par an, des mesures relatives aux positions solsticiales et équinoxiales apparentes du Soleil  et selon les mêmes auteurs sus-cités: «Cette mesure exécutée quatre fois par an par l'un ou par l'autre des chefs de ginna (famille, maisonnée) des Ogol est dite 'mesure de la direction du moment (temps)', varu yalu tumu. "

Théophile Obenga dans son livre "Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx, précise que: "le mot varu signifie: "moment", "temps", et yalu désigne une "ligne", une "direction ", une "place". Il s'agit bien de mesures (tumu) des différents moments (varu) que le Soleil (nay) prend, occupant ainsi différentes places (yalu) dans son mouvement, sa rotation".

 

La cosmologie dogon est ancienne d'environ 700 ans et est profondément ancrée dans les traditions de ce peuple.

 

Il existait 4 grandes écoles astronomiques correspondantes aux 4 grandes tribus des Dogons:

- Les Ono vouaient une très grande attention à Vénus,

- Les Domno du Baudrier d'Orion (les trois étoiles alignées du Baudrier d'Orion sont au centre d'Orion, constellation équatoriale dont les sommets sont occupés par Bételgeuse, Bellatrix, Rigel et Saïph),

- Les Arou de la Lune,

- Les Dyon du Soleil.

Mais, toutes ces grandes écoles astronomiques dogon s'occupaient de Sirius (principale étoile de la constellation du Grand Chien et la plus brillante du ciel).

Concernant le système de Sirius, Marcel Griaule s'était documenté auprès de quatre prêtres-astronomes dogons, durant une période allant de 1946 à 1950:

- auprès de Innekouzou Dolo, femme de 65 à 70 ans, "prêtresse d'Anima", de la tribu Arou;

- de Ongnonlou Dolo, 60 à 65 ans, patriarche du village de Go de la même tribu (Arou);

- de Yebene, 50 ans, prêtre du Binou Yebene d'Ogol du Haut, de la tribu Dyon ;

- de Manda, 45 ans, prêtre du Binou Manda, de la même tribu (Dyon).

 

Noms de quelques astronomes dogons (hommes et femmes), tous prêtres spécialistes:

- dans l'observation du Cosmos (Orion, Soleil, Lune, Vénus, Sirius, etc.),

- dans la prise de mesures relatives aux différentes positions du Soleil et d'autres phénomènes célestes;

- dans l'édification des autels-observatoires sur des terrasses, des rochers, des falaises:

Tous ces éléments mis ensemble démontrent l'existence d'une cosmologie dogon. Les Dogons connaissent donc l'Univers, son histoire (aduno so tanie), son peuplement, son organisation et ses structures.

Son histoire est donc connue et exposée. Seuls les savants prêtres-astronomes, les initiés, peuvent exploiter et décrire cette connaissance de l'Univers, toujours dans la continuité des différentes cérémonies et des rituels pratiqués dans le pays dogon.

 

Il faut aussi savoir que le ciel dogon (sahélien) est si pur qu'il a permis aux ethnologues de la mission Griaule d'identifier "à l'œil nu" deux satellites de Jupiter et ont pu constater que la couleur rougeâtre de la planète Mars apparaît éclatante, sous cette latitude.

 

Il faut savoir qu'il existe bien d'autres traditions astronomiques en Afrique noire.

Au Nord-Ouest du Kenya, sur les rivages du lac Turkana on trouve l'observatoire astronomique de Namoratunga qui date d'environ 300 ans avant notre ère, (d'après B.M. Lynch et L.H. Robbins du département d'Astrophysique et Planétarium de la Mk higan State University, aux USA).

 

Chez les Borana, peuple couchite d'Éthiopie méridionale, il y avait des astronomes qu'ils nommaient "ayyantu". Ces derniers se spécialisaient dans l'examen de la position relative de la Lune, qui leur servait à déterminer les jours et les mois astronomiquement* et  l'étude des étoiles Triangulum, Pléiades, Aldebaran, Bellatrix, les étoiles du centre d'Orion, de Saïph, et de Sinus.

En Égypte, la clepsydre en albâtre de Karnak que l'on peut voir au Musée du Caire, sous la référence n° 37. 525, date de la fin de la XVIIIe dynastie (période Aménophis III), et représente les constellations de la Grande Ourse, du Scorpion, d'Orion, l'étoile Sinus, les planètes Jupiter, Saturne, Mercure et Vénus.

 

On ne peut donc isoler la cosmologie dogon dans l'histoire astronomique de l'Afrique noire. La cosmologie est connue en Afrique Noire depuis l'Antiquité.

 

Anciens Égyptiens, gens de Namoratunga, Borana d'Éthiopie méridionale, Dogons du Mali, sont intimement liés à travers une longue tradition scientifique et astronomique en Afrique noire.

On ne peut donc négliger l'apport de l'Afrique noire dans le domaine de la connaissance du Cosmos. N'oublions pas que nous devons aux Dogons la découverte du système de Sirius une étoile double (ou triple) de la constellation du Grand Chien.

 

Pour les Dogons, des "champs d'étoiles " et des "champs de galaxies"  définissent l'Univers.

 

Ces mondes d'étoiles en forme de spirale, et les étoiles qu'ils nomment tolo, sont dispersées dans l’espace et se déplacent selon leurs propres orbites.

Selon les Dogons, il existe deux grands champs stellaires profondément liés par leur influence réciproque sur la Terre:

 

- un système "d'astres internes" considéré comme le moteur du monde stellaire interférant directement sur la vie des hommes et sur son développement sur Terre. Le Soleil ainsi que toutes les planètes qui gravitent autour de lui, fait partie de l'astre interne et ils agissent directement sur le monde des humains. Dans cette conception Dogon, le soleil plus proche de la terre devient le moteur de toutes formes de vie (humaine, animale, végétale). Il est l'élément principal de vie qui éclaire la terre et l'espace. Pour ce qui est des autres planètes du système solaire, les Dogons disent que Jupiter (dana banna tolo, c'est-à-dire "étoile de la fontanelle"), Vénus (tolo yazu), Mars (yapunu tolo) et Saturne (yalu ulo tolo) tournent autour du Soleil (dana tolo yazu dimnnia nay gono dezg dege), et que Jupiter suit Vénus en tournant autour du Soleil lentement. "Jupiter, dont quatre de ses 17 satellites (lo, Europe, Ganymède et Callisto pour les occidentaux et bala tolo, "astre de l'arbre bala", gerelle tolo, "astre du gerelle", séné tolo, "astre du séné", dana tolo, "astre de la fontanelle") étaient déjà connus par les Dogons: "Amma fit remonter au ciel (le sang d'Ogo transformé en Renard pâle) sous forme de quatre satellites qui tourneront autour de dana tolo, Jupiter." "Tolo uzi nay dana tolo penni", c'est-à-dire: "les quatre (nay) petites étoiles (tolo uzi) sont les cales (penni) de Jupiter (dana tolo). Les occidentaux ne feront cette découverte qu'en 1610 avec Galilée et ses lunettes astronomiques.

Pour les Dogons, c'est la planète Jupiter et ses quatre satellites qui déterminent le début des semailles dans le champ rituel des ancêtres primordiaux: "La planète est associée parallèlement à la culture du 'champ des ancêtres', yageu; le yala de Jupiter est dessiné sous le sogo placé dans ce champ, lui-même constitué d'une grosse pierre soutenue ou calée par quatre cailloux aux directions cardinales. L'ordre dans lequel sont semées les graines dans le champ rituel connote la marche de la planète."

- un système "d'astres externes" constitué d'astres situés à une plus grande distance intervient également, mais à moindre portée dans la vie des hommes. La Voie Lactée nommée yalu ulo, image de la spirale des astres à l'intérieur du "monde d'étoiles en spirale" où se trouve la terre, fait partie des astres externes. Cette traînée blanchâtre à la forme d'un disque aplati serait en réalité notre galaxie. L'espace serait donc peuplé de plusieurs galaxies en forme de spirales en mouvement constant, placé à diverses distances mesurables les unes des autres.

La présence du Soleil et l'organisation de la galaxie étaient donc déjà connues par les Dogons. Notre galaxie étant un disque solaire aplati, constitué de plusieurs mondes, vu de profil, appelé la Voie lactée. Il faut rappeler que dans la conception Dogon de la création, le Démiurge Amma créateur de l'Univers, est un mouvement spiralant créant toutes choses. Cette action est représentée par la Voie lactée posée sur la fourche (axe) du monde gravitant ensemble. Les yeux D'Amma créant, gardant et soutenant l'Univers sont matérialisés par l'étoile du Nord (daga tolo) et la Croix du Sud (tenulu tolo). Ces deux astres sont situés sur l'axe du disque de notre galaxie.

La terre est posée sur l'étoile Polaire (étoile principale de la petite Ourse) dite œil du monde "aduno giru" et sur la Croix du Sud appelée deuxième œil du monde "aduno giru ley". Elles sont aussi les yeux d'Amma indiquant les directions spatiales primordiales. La croix du Sud, constellation située dans l'hémisphère austral, est composée de quatre étoiles en forme de croix. Cette affirmation faite par les Dogons sera admise plus tard par la communauté scientifique.

Notre galaxie comprend des milliards d'étoiles, selon les Dogons: "Dans cet ensemble (c'est-à-dire "Le monde d'étoiles en spirale où se trouve la Terre, souligné par la Voie Lactée, tournant autour d'un axe théorique"), une série de 266 astres ou constellations dites "étoiles du soutien du fondement du monde" aduno bolo te tolo représentent la série de 266 signes du ventre d'Amma." La terre se trouve donc dans un immense ensemble galactique circulant en spirale dans Amma le démiurge quand il crée l'univers et les mondes stellaires.

Le chiffre 266 s'applique à tous les univers galactiques: "L'ensemble des étoiles, celles qui font partie du monde d'étoiles en spiralant où se trouve la terre, visibles et invisibles dans le firmament et celles qui font partie des autres mondes d'étoiles en spirale créés par Amma, sont également en rapport avec l'ensemble des signes, expression première de la pensée du Créateur."

Les Dogons affirment que: "les étoiles tournent au ciel. Les étoiles sont les signes inconnus d'Amma qui tournent dans le ciel."

Le principe de la cosmologie Dogon est établi sur la grandeur et l'étendue du Cosmos avec pour base la connaissance:

- D'un Univers hiérarchisé et tournoyant

- La croix du Sud, constellation située dans l'hémisphère austral, est composée de quatre étoiles en forme de croix. Le pôle céleste austral est un repère important et la Polaire indique la direction du pôle Nord.

La Voie Lactée forme l'Amas galactique local et le "système stellaire externe" comprenant le Soleil et la Terre. Elle est aussi une galaxie spirale en forme de disque en rotation autour de son axe.

- Le système solaire dit "système stellaire interne": le Soleil  influant sur la Vie de la Terre et des êtres et élément qui la compose.

- L'homme est profondément incrémenté dans le cosmos puisque vivant sur la Terre qui est partie intégrante du système solaire et de l'ensemble galactique

- La Terre ne se situe pas au Centre de l'Univers mais appartient au système solaire et à  l'ensemble galactique de l'Amas local c'est-à-dire au système externe d'astres en spirale.

- Les étoiles et les constellations sont incommensurables: le chiffre démiurgique 266 révèle un phénomène cosmique qui se compte par milliards.

- Les étoiles (visibles et invisibles) qui constituent l'Univers se déplacent selon leurs orbites respectives et forment d'immenses champs stellaires, galactiques.

- La spirale, le cercle, l'axe de rotation dit la fourche, le mouvement des étoiles, des systèmes stellaires, de la Terre, sont inclus dans la conception dogon de l'Univers en sa globalité, en sa composition, en ses éléments stellaires.

- Le cosmos est donc "infini" mais "mesurable".

La conception Dogon de l'astronomie trouve écho et est consentie par les savants modernes. Cette" idée Dogon" de la création de l'Univers englobe la cosmographie, astrophysique, la mécanique céleste et l'astronomie descriptive c'est à dire tous les éléments beaucoup plus complexes qui font l'astronomie moderne. La conception Dogon restant plus facile à assimiler par un profane fut le puits dans lequel les chercheurs modernes vinrent s'abreuver avec beaucoup d'humilité face à un si grand savoir qui n'avait nullement besoin de technologie pour comprendre l'Univers. Il faut avouer que pendant longtemps (14 siècles) l'Occident avait une conception très contestable et originale plaçant la terre au centre de l'Univers, la lune, le soleil et les planètes accrochés chacun à une sphère invisible au niveau de son équateur. Malgré leurs acquis auprès des Égyptiens, les astronomes grecs furent les premiers à diffuser cette conception du monde (Hipparque, Claude Ptolémée). Les écrits de Ptolémée purent être sauvés des flammes qui ravagèrent la grande bibliothèque d'Alexandrie au VIIe siècle. Cette conception de la création de l'Univers fut diffusée par les musulmans et perdura durant 1500 ans dans toute l'Europe.

Au XVe siècle, sous l'impulsion du physicien polonais Mokolaj Kopernik (Nicolas Copernic, 1473-1543), l'astronomie prend un nouvel essor. Selon lui, toutes les planètes tournent sur elles-mêmes et autour du soleil situé au centre de l'Univers. Si cette conception semble plus logique, elle ne trouve que mépris auprès des érudits convaincus par la logique de Ptolémée. Le dominicain et philosophe italien Giordano Bruno (1548-1600) sera accusé d'hérésie et brûlé au bûcher quand dans la continuité de Copernik, il avancera la thèse d'un immense univers dont le soleil ne serait pas le centre. Les physiciens et astronomes du début du XXe siècle avançaient l'idée d'un univers constitué d'éther luminifère c'est-à-dire qui produit de la lumière.

La conception Dogon de l'univers se confond avec la vision moderne du monde. Elle n'a pu jusqu'à nos jours être contredite par les recherches scientifiques actuelles. Toute l'étendue de la connaissance de la cosmogonie Dogon n'est pas encore connue, ni explorée.

La Terre (nommée "minne") qui tourne sur elle-même (se dit: logoro-negogono galaze) est indubitablement liée au Soleil (nommé "nay") qui tourne sur lui même sous l'effet d'un grand ressort en spirale et qui influe sur la vie de la Terre, des êtres et éléments qui la composent. La Terre et le soleil sont donc intimement liés. La lune (qui se dit ie pilu) tourne sur elle-même et aussi autour de la terre, en spirale conique en décrivant une orbite légèrement elliptique. Ainsi, le lien Terre-Soleil-Lune était donc déjà connu par les Dogons: "Les deux mouvements apparents du Soleil déterminent le jour (bay)_ et la nuit (dige), d'une part; les solstices (du daga nay, 'soleil du nord' ; tenulu nay, 'soleil du sud') et les équinoxes nay logoron, 'soleil du milieu ', d'autre part."

Le solstice d'hiver annonce le début de l'année solaire, lors de cette période a lieu une cérémonie de goru pendant laquelle on offre des sacrifices aux ancêtres. Les diverses cérémonies Dogons sont régies par un calendrier solaire: "Le soleil couvrira par ses rayons l'ensemble de la Terre du nord au sud, soit les 5 rangées de 12 trous, en 2 fois 6 'lunes', c'est-à-dire pendant une année solaire d'un solstice d'hiver à un autre solstice d'hiver." La vie sociale aussi est régie par ce même calendrier: "les positions apparentes du soleil sont partagées entre les 4 tribus Dogons, associées aux 4 ancêtres descendus sur l'arche: les rites exécutés respectivement par leurs membres auront lieu aux solstices et aux équinoxes."

Pour ce qui touche à l'agriculture, les Dogons se repèrent sur un calendrier lunaire ainsi, commence-t-on les récoltes lors de la première lune (ie turu) prémices de l'année lunaire.

Selon les Dogons, l'atmosphère, couche gazeuse qui entoure le globe terrestre, est le résultat de l'envoi par le soleil de ses rayons sur la terre. L'air humide qui s'en dégage trouve son origine dans l'action du soleil. La lune, même si elle reçoit la lumière du soleil qu'elle reflète, est un astre mort car dépourvu d'eau et donc d'humidité propice au bon développement de la vie.

Il existe dans l'astronomie Dogon des termes spécifiques qui permettent de discerner les différentes étoiles en fonction des actions qu'elles décrivent ainsi, les étoiles fixes qui ne tournent pas autour d'une étoile se dit "tolo" (astre en français) comme nous l'avons déjà vu, "tolo tanaze" est employé pour décrire les planètes (astre dépourvu de lumière propre tournant autour du Soleil) qui tourne autour d'une étoile et les satellites (astre qui tourne autour d'une planète) qui font cercle autour d'une planète "tolo gonoze".

Selon Marcel Griaule et ses associés: "Les Dogons distinguent les étoiles fixes, tolo, des planètes, tolo tanaze, 'étoiles qui traversent' ou 'étoiles qui marchent à part', à cause de leur mouvement, ou encore 'étoiles de l'est' du tolo, expression associée à l'observation de leur lever. Les étoiles fixes font partie de la 'famille des étoiles qui ne tournent pas' (autour d'une autre étoile), tolo digitele togu; les planètes, de la 'famille des étoiles qui tournent' (autour d'une autre étoile), tolo gonu togu; les satellites sont dits tolo gonoze, 'étoiles qui font le cercle".

Concernant les autres planètes, les Dogons avancent de très convaincantes thèses. En effet selon ces derniers, Mars nommée yapunu tolo, c'est à dire "astre des femmes menstruées" serait constituée de cuivre mou d'où sa couleur rougeâtre, ils disent : "yau-gin banu-go be, kanney banu gammio" c'est à dire Mars "était rouge comme le feu, maintenant le rouge diminue". Mars observerait deux positions: visible, quand depuis la Terre nous sommes en période des premières menstrues de la jumelle d'Ogo, Yasigui et qu'elle se trouve en opposition, (c'est-à-dire, tous les deux ans, Mars est en ligne droite avec la Terre et le Soleil, mais à l'opposé du Soleil par rapport à la Terre) et invisible, quand elle est en position obia (se dit pour toutes les planètes quand elles ne sont pas visibles).

Ce n'est qu'en 1877 que l'américain Asaph Hall découvre la présence des deux satellites de Mars Phobos et Deimos.

Les Dogons ont également observé Vénus, une planète placée à l'intérieur de l'orbite terrestre, avec une période de révolution inférieure à celle de la Terre. La planète Vénus qui est parfois visible en plein jour à l'œil nu.

 

La tribu Dogon Ono sont les spécialistes de l'observation de la planète Venus ce qu'ils font à travers de méticuleux rites. Les six positions de Venus nommées yazu giri, "œil de Vénus" sont décrites de la sorte: "obia, quand Vénus est "invisible", donna tolo ou albana tolo, "astre de l'ouest", yazu ou bayara, "Vénus le matin" (astre du matin), enegirim, "astre des chevriers" (étoile du Berger), dige tanu "astre de minuit" (astre du soir), yapunu da tolo, "astre du plat des femmes menstruées."

Les initiés-devins apprennent les différentes positions de Venus gravées sur la table de divination. Les différentes phases décrivent les déplacements de l'astre autour du soleil. On retrouve ce parcours sur la façade Est de la maison du grand prêtre (Hogon) d'Arou à droite en direction du Nord, au-dessus de l'estrade à gauche et au-dessus des figures du Soleil au sud, de la Lune et de "l'Étoile de la 10e Lune" dite le pelu tolo. Ce cycle se répète tous les 3 ans. Si le grand prêtre venait à mourir durant cette période son successeur avait à charge de poursuivre l'œuvre. La durée de retour des phases de Vénus est donc connue des Dogons ainsi que Yazu Danala tolo, un astre qui accompagne Vénus et qui n'a pas encore été découvert par les occidentaux.

Nous avons déjà cité les calendriers lunaire et solaire utilisés par les Dogons, un calendrier vénusien était utilisé comme calendrier agricole, il permettait de mettre en place les différentes étapes de la culture du mil: de la germination dite mil qui sort, du développement nommé mil qui grandit, ou mil enceint, de la récolte dite mil mûr et de la consommation des céréales de base dite mil consommé. Les différentes positions de Vénus influent donc sur la vie agraire des hommes et dans l'exécution des rites propres à la culture des champs: "Vénus, les semailles et le cycle complet de la croissance des céréales." Le rite de la mort du mil se fait avec Vénus "La clôture de ces événements et cérémonies mythiques est commémorée par une pierre levée représentan Vénus en position yazu c'est-à-dire celle de l'astre du matin. Venus tenait une place importante dans la circoncision quand elle était en "onna tolo astre à l'Ouest" et en position obia c'est-à-dire invisible et depuis que les ancêtres l'on représenté dans un lieu sacré aux pierres levées dans ces positions.

"Leur répartition fait apparaître une représentation schématique de trois calendriers liturgiques (solaire, vénusien et sirien) qui se combinent avec le calendrier lunaire courant pour la détermination des diverses dates des rites agraires, familiaux, claniques ou généraux."

Théophile Obenga dans son livre Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx, nous offre une belle conclusion en ces termes: "Astronomie, travaux champêtres, rites de la circoncision, ciel, terre, végétaux et minéraux (pierres), hommes et bêtes: tout s'harmonisait pour l'intégration cosmique de l'être humain, pour le développement de sa conscience, de sa spiritualité et de sa réalisation plénière. C'est ainsi que les Dogons parviennent à connaître des objets célestes autrement invisibles sans instruments d'observation performants connus; les 4 satellites de Jupiter, le satellite de Vénus, les compagnons de Sirius, etc."

 

Le Dogon de par sa constitution est un être à unicité multiple, il se confond dans divers états ainsi est-il acteur de la vie sociale de sa tribu, mais aussi pilier de son clan et en constante relation à travers divers rites avec ses ancêtres visibles et invisibles et se confond avec les astres (planètes, étoiles, galaxies, satellites, etc.) ne faisant qu'un avec elles, par le biais des autels de rites. Toutes les étapes essentielles de sa vie de Dogon depuis son être jusqu'à sa réalisation complète sont régies par divers éléments célestes qui n'ont pour but que de l'emmener vers un état d'être spirituel proche du divin.

Les astronomes Dogons connaissent donc les planètes suivantes Mars, Jupiter, Venus, ils savent les positionner par rapport à la Terre, et ce, sans l'apport d'instruments. Ils ont également identifié Saturne.

Une constellation est un groupe d'étoiles formant une figure plus ou moins précise dont il tire généralement son nom. Selon les Dogons: Amma "créa quatorze cieux et quatorze terres, un ciel et une Terre collés l'un à l'autre". Ils décrivent ainsi la terre et l'immensité de l'Univers qui serait en réalité constituée de plusieurs Univers. Ci-dessous les étoiles et constellations décrites par les Dogons.

- Amma  bogu  tolo, "étoiles du nombril d'Anima", c'est-à-dire la belle constellation équatoriale d'Orion dont les sommets sont occupés par Bételgeuse, Bellatrix, Rigel et Saï'ph: les 4 étoiles du Chariot d'Orion;

- atanu tolo, "étoiles trois", alignées du Baudrier d'Orion au centre de la constellation d'Orion. Elles sont associées à la préservation des principes spirituels des semences des céréales. Les oignons sont semés quand Orion se lève au coucher du Soleil. Après l'hivernage, on regarde l'heure au Baudrier d'Orion.

- enegirine tolo, "étoile du Chevrier", c'est-à-dire l'étoile gamma du Petit Chien, une constellation boréale; il est le gardien des côtés de l'espace.

- sigi tolo, "étoile du Sigui", soit Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel, appartenant à la constellation australe du Grand Chien;

 

- tara tolo, "étoile de l'hyène", soit Procyon, étoile alpha, de la constellation du Petit Chien: cette étoile est une des plus brillantes du ciel située au 9e rang.

 

- tolo bani nenneu, "étoile rouge scintillante": l'Aldébaran, étoile de première grandeur, dans la constellation du Taureau de l'hémisphère boréal;

 

- tolo dullogu, "étoiles queue". Le mot "queue" (dullogu) suppose une trainée longue. Il s'agit ici des étoiles de l'Epée d'Orion, ou bien de la grande nébuleuse elle-même. En effet, un peu au sud de la constellation d'Orion, dans la région de l'Epée d'Orion, se trouve la grande nébuleuse à raies d'émission; Les tolo dullogu sont orientées nord-est sud-ouest et symbolisent les champs rituels et la succession des rites exécutés depuis les semailles jusqu'à la récolte sur ces champs.

- tolo duno, "étoiles groupées", nommées les Pléiades et sont situées dans la constellation du Taureau. Les Tolo Duno sont associées chez les Dogons aux périodes de semailles et de récoltes. Parmi cette Pléiade qui en compte huit pour les Dogons, six étoiles  sont visibles à l'œil nu; ils disent que "tolo duno aduno-ne Amma dene gagarapana vo obodo serey" c'est-à-dire "Les étoiles groupées (Pléiades) dans le inonde sont les témoins des 8 céréales d'Amma qu'il va donner comme nourriture aux hommes." Pendant l'hivernage, on regarde la position des Pléiades pour savoir l'heure.

- yara tolo, "étoile du lion", qui, dans la constellation du Bélier, est l'étoile bêta. Elle symbolise la force du Nommo qui pourra attaquer aux quatre directions de l'espace pour protéger l'univers de l'ennemi, le Renard pâle.

Comme nous l'avons déjà signalé plus haut, nous constatons de nouveau que les rites agraires chez les Dogons sont étroitement liés aux constellations. Tous les actes qui régissent la vie des Dogons sont intimement liés aux astres, aux temps et à l'espace. Ils puisent leur force vitale (nyama) dans le lien invisible qui les lie au cosmos: "La vie qui animera le corps et se développera en même temps que lui dans chaque individu est comparable au mouvement tourbillonnaire qui animait le monde créé par Amma. "De ce fait, "la stabilité du nyama dépendra de l'intégrité physique et spirituelle de l'homme".

Des rituels liens le ciel (univers, cosmos, étoiles, galaxies, constellations, système solaire, etc.) et la terre (hommes, animaux, végétaux) sont menés par des prêtres totémiques. Ainsi le vécu d'un Dogon passe par de nombreuses et minutieuses cérémonies. "Chaque fois que cela sera possible, les groupes d'autels relevant de telle ou telle institution (famille, clan, lignage, groupe communautaire, etc.) seront placés en spirale à l'intérieur ou autour des agglomérations, pour rappeler la spirale interne de 'l'œuf d'Amma' et la vie qui l'animait."Donnant par la même le parfait exemple de la relation qui devrait normalement exister entre tout être humain et la nature, le ciel, l'univers qui l'entoure.

Les Dogons perçoivent donc le monde et l'Univers avec simplicité et sagesse, cette conception essentiellement basée sur la volonté de faire de la terre un espace où le bien règne selon les préceptes établis par leurs ancêtres permet un équilibre, une symbiose que ne peut acquérir le chercheur moderne en quête de réponses rationnelles.

Mais pour en revenir aux étoiles, Sigi tolo, dit Sirius est pour les Dogons l'image du centre de l'Univers, ils disent que sigi tolo aduno bogi c'est-à-dire que Sirius est le nombril du monde. Il faut préciser que "Le groupe d'étoiles, dans lequel Sirius joue un rôle primordial, comprend la constellation d'Orion et un certain nombre d'astres placés non loin d'elle." Plaçant ainsi Sirius étoile de la constellation du grand Chien non loin de la constellation d'Orion.

Les Dogons décrivent Sirius comme suit:

Elle comprend deux autres étoiles qu'ils nomment po tolo et emme ya tolo et un satellite appelé nyan tolo définissant le système de Sirius comme étant constitué de 4 astres. Ils poursuivent en précisant que:

- Sigi tolo, "étoile du sigui" ou yasigi tolo, "étoile de yasigui" dite Sirius A, est liée à la cérémonie soixantenaire du renouvellement du monde.

- Po tolo, "étoile dufonio" (Digitaria exilis), ou yurugu tolo, "étoile du Yourougou" est Sirius B étoile du Renard pâle, ayant pour jumelle Yasigui. Po tolo tourne inlassablement autour de Yasigui, Sirius, sans jamais pouvoir l'atteindre.

- Emme ya tolo, "étoile du sorgho femelle",  cette étoile, plus volumineuse que Sirius B est un autre compagnon de Sirius nommé Sirius C.

- Nyan tolo, "étoile des femmes", satellite et guide de emme ya tolo.

 

 Ce système Sirius-Digitaria-Sorgho des Dogons est certes plus précis, mais plus compliqué.

Pour comparaison, chez les Bambaras, le système de Sirius comprend: sigi dolo, "Sirius", et son satellite fini dolo, soit "Sirius B": ces deux astres sont des étoiles de la connaissance (fa dolo fia). Celui des Bozos du Niger est également double: sima kayne, "Sirius A", et son satellite tono nyalema, "étoile œil", soit "Sirius B".

 

Nous notons donc que les Bozos, les Bambaras et les Dogons connaissent donc depuis fort longtemps le caractère double du système de Sirius, l'étoile la plus brillante du ciel.

Les Dogons ont constaté que Sirius B (étoile du fonio" ou po tolo) effectue en 50 ans le tour de Sigi tolo (Sirius A). Po tolo est la plus importante de toutes les étoiles, elle est celle qui détermine le commencement et situe le centre du monde stellaire: "Elle est la plus importante de toutes les étoiles, celle dont le rôle est magistral, pour l'ensemble de tous les mondes spiralants d'astres formés par Anima." Les Dogons précisent que: "po tolo kize voy vo gayle be dedemego vo sige be", c'est-à-dire que "po tolo est la plus petite de toutes les choses; elle est l'étoile la plus lourde." Ils la décrivent ainsi de petite taille, demme-go (dense) et blanche comme du po pilu (fonio blanc)."Comme les autres étoiles, Po tolo s'est éloignée de la Terre, dont seul le Soleil est resté proche. Elle s'est donc déplacée et occupe actuellement le centre du ciel mais elle est un centre en mouvement."

Les avancées du monde moderne ont confirmé de nouveau les évidences émises par les Dogons: "On dit en effet que si l'on assimilait la dimension de son diamètre (à lui po tolo) à celle d'une peau de bœuf tendue, ou sa dimension à celle d'un mortier, elle pèserait aussi lourd que 480 charges d'âne (environ 35 000 kg), ou comme toutes les graines réunies, ou encore comme tout le fer du monde."

Po tolo possède une densité telle que selon Marcel Griaule: "tous les êtres terrestres réunis ne pourraient soulever une parcelle de fer qui s'y trouverait".

Selon les Dogons, Sirius occupait la place du Soleil, la position du doy dite assise, puis son système entier s'est déplacé. Po tolo joue un rôle primordial dans le déplacement des autres étoiles en effet, elle régule le mouvement des astres et leur permet de conserver une trajectoire définie. Elle agit différemment avec Sirius qui ne produit pas de régularité dans ses déplacements en l'entourant d'une attention particulière."C'est pourquoi, soutenant l'univers en tournant sur elle-même et autour de Sirius, on dit d'elle qu'elle est "le pilier des étoiles, tolo ogo."

L'avancée et l'étendue du savoir Dogon concernant Sirius B étonne encore beaucoup les astronomes modernes. Le respect s'impose donc devant un tel savoir. Il faut rappeler que la découverte d'Alpha Canis Majoris B, Sirius B, l'étoile po tolo des Dogons, n'a été faite par la science qu'au siècle dernier par l'astronome anglais Edmund Halley (1656-1742).

En 1844, Friedrich Wilhelm Bessel (1784-1846), astronome et mathématicien allemand, fut le premier à mesurer la distance des étoiles fixes et à déduire que la trajectoire onduleuse de Sirius (le déplacement irrégulier de Sirius dans l'espace) ne pouvait être due qu'à l'attraction exercée par quelque corps invisible décrivant une orbite autour de cette étoile, Sirius Alpha Canis Majoris. Il estime aussi la masse et la position du compagnon invisible de Sirius, d'après l'importance et la direction de la perturbation apportée à la marche de Sirius. Son hypothèse fut contestée en 1847 par l'astronome russe W. Struve.

Ce fut Alvan Clark, opticien, grand fabricant de télescopes d'Amérique qui en 1862, fut le premier à voir Sirius. Mais ce n'est que 50 ans plus tard que Sirius fut répertoriée. H. A. Adams put faire en 1915 au Mont Wilson l'étude spectrale de Sirius B (po tolo), constatant que ce n'était pas une étoile rouge, mais bien une blanche ayant une forte densité. Sirius A émet 25 fois plus de lumière que le Soleil, Sirius B en produit beaucoup moins environ 4 centième pour une masse équivalente aux 9 dixièmes de la masse du soleil avec un volume de 27 millièmes. Sirius B possède une densité 30 000 fois plus forte que celle du soleil. Rappelons que les Dogons en avaient déjà fait état en utilisant le nombre 480 (symbole du plus considérable des nombres). Les naines blanches connues sont celles qui émettent un rayonnement visible. Les naines blanches comme Sirius B en fin de course, ne produisent plus de rayonnement, elles sont inertes et amenées à disparaître au bout de quelques millions d'années. Elles passeront de l'état de naines blanches à celui d'étoiles noires, froides et invisibles.

Les Dogons connaissent le destin de po tolo car ils la représentent sur leurs sanctuaires totémiques entourés de 6 rayons en pointillés démontrant ainsi qu'il faut qu'un certain nombre de conditions soient réunies pour que po tolo dit Sirius B soit visible. Ils lui accordent une durée de vie équivalente à 2 cérémonies du Sigui soit 240 ans. La cérémonie du Sigui retrace la création du monde par le démiurge Amma, elle symbolise aussi la commémoration de la révélation de la parole aux hommes et l'apparition de la mort sur la Terre.

Suite à cela, po tolo l'étoile, petite, lourde, dense, blanche, perturbatrice du mouvement de Sirius A, deviendra comme toutes les étoiles naine noire et invisible puis, après des millions d'années, éclatera. La science moderne confirme les observations et les déductions des astronomes dogons.

 

L'autre étoile qui tourne aussi autour de Sirius A est l'étoile du sorgho femelle" (emme ya tolo). Cette dernière est plus volumineuse que po tolo et 4 fois plus légère. Selon les astronomes Dogons: "emme ya tolo sert d'intermédiaire entre po tolo et Sirius et qu'elle tourne pour "transmettre les ordres" de la première (po tolo) à la seconde (Sirius), laquelle est surveillée par po tolo."

Les Dogons emploient un système de triangulation pour se repérer, ils arrivent ainsi à justement positionner les étoiles. Par cette méthode, ils placent le soleil comme étant l'étoile la plus proche de la Terre, ils déterminent que po tolo s'est déplacée en s'éloignant de la Terre, et que les distances entre Sirius et d'emme ya tolo sont telles que l'angle de leurs rayons est droit.

On accorde donc, volontiers une vue exceptionnelle aux observateurs Dogons, ils disent en ce sens que: "po tolo-le emme ya tolo-le ara tolo-le sigi tolo-le beru-go ve, da iemele" qui veut dire que: " po tolo, emme ya tolo, ara tolo sont tout près de Sirius, on ne les voit pas souvent". Il est certes vrai que l'étoile du fonio dit po tolo (Sirius B) n'est pas visible à l'œil nu, il est même parfois impossible de la voir  avec le meilleur des instruments astronomiques. Pour ce qui est d'Emme ya tolo, l'étoile du sorgho femelle dit Sirius C, elle fut découverte qu'en 1995 par les Français D. Benest et J. L. Durent.

Les Dogon connaissent le cercle, l'arc, le triangle, les angles, toutes les variantes que peuvent prendre ces derniers ainsi que bien d'autres figures géométriques. Ils maîtrisent donc les parallaxes trigonométriques éléments très utilisés en astronomie. Il faut savoir que la parallaxe trigonométrique d'une étoile (ou parallaxe annuelle) est l'angle sous lequel est vu le demi-grand axe de l'ellipse apparente que semble effectuer une étoile à cause de son mouvement réflexe dû à la rotation de la Terre autour du Soleil. Il est noté ω lorsqu'il y a ambigüité avec le nombre pi. La parallaxe trigonométrique est valable jusqu'à une distance d'environ 160 années de lumière.
Les prêtres Dogons notent la position d'une étoile puis au bout de six mois environ, ils l'observent à nouveau et font le relevé de toutes les modifications opérées pendant ce laps de temps. En six mois, cette étoile aura parcouru une distance dite droite équivalente à deux fois la distance de la Terre au Soleil. Les deux extrémités de cette droite sont nommées par les Dogons comme étant les "yeux astronomiques" de l'observateur.

La parallaxe trigonométrique n'était pas la seule méthode utilisée par les prêtres Dogons, leurs élévations spirituelles jouaient aussi un grand rôle dans leurs facultés de percevoir desétoiles invisibles à l'œil nu.

Tout ceci ramène à la conclusion d'une réalité scientifique Africaine qui nul n'en doute a porté une très grande contribution à la recherche moderne. La différence se situe au fait que la science Africaine est intimement liée à la spiritualité dans laquelle elle puise toute son essence et sa richesse, nul besoin de machine pour s'élever vers les cieux.

 Cheikh Anta Diop dans son livre Civilisation ou Barbarie, nous offre une belle conclusion en ces mots:

"Il existe une tradition scientifique africaine:

 

"Nous voyons combien ces doctrines anciennes de l'Afrique sont précieuses pour l'archéologue de la pensée africaine, et ne serait-ce que pour cela, leur étude sera toujours indispensable au penseur africain, s'il veut bâtir une tradition intellectuelle à partir du terrain historique."

 

 

- Cf: Asmaron Legesse, Gada. Three Approaches to the study of African Society, New York, The Free Press.

- Marcel Griaule et Germaine Dieterlen: Le renard Pâle tome I - Le mythe cosmogonique fascicule I - La Création du Monde

- Colin A. Ronan, Discovering of the Universe. A History of Astronomy (Londres, Heinemann Educational Books, édit. de 1972, VIII-248 p., 19 illustre

- C. A. Diop, Civilisation ou Barbarie, Paris, 1981, p. 405

- Théophile Obenga: Cheikh Anta Diop, Volney et le Sphinx.

 Shenoc le 16/10/2006

 

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