Atrocités oubliées ( Esclavage, Colonisation)

 

 Pendant des siècles des hommes et des femmes noirs se sont retrouvés dans une situation de non droit, permettant ainsi aux tortionnaires d'exécuter sans le moindre obstacle l'ordre qu'ils avaient établi par la violence et la terreur. La déportation des hommes et des femmes noirs dans les Amériques devrait avoir un aspect légal, afin de permettre aux sauvages de l'époque de sévir en toute impunité, sans que leurs consciences ne soient ébranlées ; pour ce faire, il fallait définir l'homme noir comme étant un animal, un bien meuble, lui faire endosser tous les maux et les vices de la terre, qu'ils soient repoussants, contraires à la nature.

Au regard des différentes types d'atrocités qui se sont produites lors des nombreuses guerres ( ex: 39/45, guerre du Vietnam, guerre contre l'Irak), nous pouvons sans aucun doute imaginer le calvaire des Noirs d'Afrique pendant leurs déportations, sachant que chez ces peuples, les droits de l'homme et du citoyen (1789), la déclaration universelle des droits de l'homme le 10 decembre 1948 ( ONU), et la convention européenne des droits de l'homme ( 1950), sont très très récents.

"La traite, cette tragédie à multiples facettes restera la plus importante entreprise d'asservissement et d'avilissement de l'homme. Cette agression cruelle, à laquelle prirent part presque toutes les nations européennes...a désorganisé la société africaine jusque dans ces profondeurs. En liquidant les États constitués, en détruisant les bases morales des sociétés établies, en  saccageant les structures de production intellectuelle et matérielle et en déportant les ressources humaines les plus vigoureuses et les plus brillantes, la traite a laissé des marques indélébiles dans la conscience et dans la vie sociale des peuples africains" Edem Kodjo : Et demain l'Afrique

Un regard sur le Tableau ci-dessous ,vous permettra de  lire des témoignages et de découvrir la cruauté des Européens de l'époque :

 

 En Constructionundct04a.gif 

Le père Jean Baptiste Labat, missionnaire à la Martinique de 1693 à 1705 nous a laissé quelques anecdotes à ce sujet. Un matin, le père surprend un Noir d'une plantation voisine, invoquant une" idole" pour une esclave malade. Quelle fut sa réaction? Laissons la parole au saint : " Je fis attacher le sorcier, et je lui fis distribuer environ 300 coups de fouet qui l'écorchèrent depuis les épaules jusqu'aux genoux. Il criait comme un désespéré, et nos nègres me demandaient grâce pour lui, mais je leur disais que les sorciers ne sentaient point le mal, et que ses cris étaient pour se moquer de moi. Je fis apporter  un siège, j'y mis le marmouset ( l'idole) devant lui, et je lui dis de prier le diable de le délivrer de mes mains ou d'emporter la figure; et comme il ( le diable) ne faisait ni l'un ni l'autre, je le faisais toujours fouetter à bon compte... ( Pour finir) je fis mettre  le sorcier aux fers, après l'avoir fait laver avec une pimentade, c'est à dire avec de la saumure dans laquelle on a écrasé du piment et des petits citrons.Cela cause une douleur horrible à ceux que le fouet a écorché, mais c'est un remède assuré contre la gangrène qui ne manquerait pas de venir aux plaies. Je fis aussi étriller tous ceux qui s'étaient trouvés dans l'assemblée, pour leur apprendre à n'être pas si curieux une autre fois ; et quand il fît jour, je fis conduire le nègre sorcier à son maître, à qui j'écrivis ce qui s'est passé, le priant en même temps de lui défendre de venir sur notre plantation ; il me le promit, me remercia de la peine que je m'étais donnée et fît encore fouetter son sorcier de la belle manière"

 Le boom du Caoutchouc, qui fût à l'origine des pires massacres au Congo, débuta au milieu des années1890, sous l'administration de Léopold, mais continua plusieurs années après la fin de son régime Adam Hochschild

 

 

Un lieutenant suédois décrit une expédition de ce type, lancée en 1885 dans la région des rapides du bas Congo: " A notre approche, il y eu un terrible vacarme dans le village. Les indigènes (...) étaient complètement pris par surprise. Nous les regardions assembler tout ce qu'ils pouvaient emporter et s'enfuir dans la forêt épaisse et profonde.Avant de partir, j'ai fait piller le village ou il y avait un grand nombre de chèvres, de poules et de canards (...)Une petite partie de la population, qui avait la chance de vivre près des frontières du Congo belge, quitta le pays (...) d'autres essayèrent de gagner la Rhodésie du Nord britannique, mais beaucoup se noyèrent dans la luapula, qui formait une partie de la frontière. La majorité eut toutefois pour seul refuge les profonds marécages ou la forêt équatoriale, ou  elle ne trouvait aucun abri, pratiquement, pas de nourriture. Le mercenaire américain Edgar Canisius vit des réfugiés, victimes de ces raids, " vivant comme des bêtes sauvages dans la forêt, se nourrissant de racines, de fourmis et autres insectes"

 

lorsqu'il succéda à Leclerc, devant la résistance du peuple haïtien...Rochambeau...Il décida l'achat de six cents chiens bouledogues, élevés et nourris dans le carnage, grâce auxquels il comptait mettre fin à la résistance des Noirs.(...) Ce fût le Vicomte de Noailles qui se chargea d'aller chercher ces fauves à Cuba. (...) À Saint-Domingue, plus de générosité! Lorsque son navire empli de chiens mangeurs de Noirs reparut dans le port du Cap, il fût accueilli avec joie et allégresse par la population blanche. Il fût décidé de tester les chiens lors d'une démonstration publique." On a désigné d'avance une victime, et choisi pour le lieu de l'exécution la cour d'un couvent de religieuses. On y dresse un amphithéâtre, qui rappelle les cirques romains. La multitude accourt au spectacle. Le noir est attaché au poteau; les chiens sont stimulés par une faim dévorante ne sont pas plus tôt lachés qu'ils mettent en lambeaux ce malheureux".

 

On a vu un Caradeu aîné, un latoison maboul, qui, de sang-froid, faisaient jeter des nègres dans les fourneaux, dans des chaudières bouillantes, qui les faisaient enterrer vifs et debout, ayant seulement la tête dehors, et les laissaient périr de cette manière, heureux, quand, par pitié, leurs camarades abrégeaient leurs tourments en les assommant à coup de pierre Victor Schoelcher "Vie de Toussaint Louverture" Karthala

 

 

 

Je vous envoie, mon cher commandant, un détachement de cent cinquante hommes de la garde nationale du cap, commandé par M. Barri, il est suivi de vingt-huit chiens bouledogues. Ces renforts vous mettront à même de terminer entièrement vos opérations. Je ne dois vous laisser ignorer qu'il ne vous sera passé en compte aucune ration, ni dépense pour la nourriture de ces chiens. Vous devez leur donner des nègres à manger. Je vous salue affectueusement. Signé : Rochamb.

 

1741 ( Saint-Domingue) un noir tue son maître d'un coup de fusil. le tribunal le condamne à faire amende honorable, nu-tête, en chemise et la corde au cou... au-devant de la principale porte de l'égliseparoissale de cette ville, ou il sera mené et conduit  dans un tombereau par l'exécuteur de la haute justice, et là étant nu-tête et à genoux, à déclarer que méchamment il a tué et assassiné son maître d'un coup de fusil, dont  il se repent, en demande pardon à dieu, au roi et à la justice; ce fait, avoir le poing coupé sur un poteau qui sera planté au-devant de la porte de ladite église, après quoi mené et conduit par ledit exécuteur dans le même tombereausur un échafaud qui sera dressé sur la place de cette ville, pour y avoir les bras,mamelles,cuisses et gras des jambes tenaillés, dans les plaies faites par les tenailles être versé du plomb fondu, ensuite son corps être jeté vifdans un bucher.

 En 1741

" lorsqu'un noir violait les lois de la propriété, ce délit lui coutait la vie et le maître était indemnisé de sa perte

le pasteur suisse benjamin frossard en 1798

 ...La dureté  du traitement de ces malheureux dans ce pays, principalement de ceux qui tombent entre les mains d'un cultivateur, surpasse toute imagination. J'ai vu, ô plût à Dieu que ces énormités n'eussent jamais frappé ma vue! J'ai vu que pour de légers manquements, souvent pour des fautes imaginaires, on les attache publiquement à un poteau, ou on leur déchiquette la chair à coup de fouet. Leur dos en porte les cicatrices pour la vie! Et ce n'est pas assez de leur déchirer ainsi impitoyablement la peau: non! La souffrance serait de trop courte durée! Il faut trouver le moyen de l'irriter encore davantage, afin qu'ils s'en ressentent plus longtemps, on frotte leurs plaies de sel et poivre d'Espagne!

 

 Un noir fût condamné à avoir une jambe coupée puis exposée à la potence parce qu'il avait tué un bourriquet d'un blanc

 Martinique, jugement du conseil supérieur le 20 octobre 1670

 Les Nègres ne peuvent être considérés que comme des bêtes de somme, et pour alléger le vaisseau, il est permis de livrer aux flots les effets les moins précieux et les moins lucratifs...

 L'Abbé Grégoire

Sans chercher à affamer leurs esclaves, certains planteurs s'ingéniaient à determiner la quantité minimum de nourriture qui leur permettait de fournir le travail attendu d'eux.Cette quantité dépassée, le rendement immédiat n'était pas supérieur, aussi n'y avait-il aucun intérêt à leur yeux de l'augmenter.les demi-mains (vieillards, femmes, enfants)recevaient ainsi des " demi portions".Les rations étaient distribuées le dimanche; les esclaves n'avaient plus que la ressource de mendier, voler ou marauder pour se nourrir les jours restants... P60 F

Fredérique law, Témoignage publié en 1856, après avoir rencontré plusieurs planteurs des États-Unis.

En 1798, l'écrivain Bossu: J'ai vu un habitant, nommé Chaperon,qui fit entrer un de ses  nègres dans un four chaud ou cet infortuné expire; et comme ses mâchoires s'étaient retirées, le Barnare Chaperon dit " Je crois qu'il rit", et prit une fourche pour le fourgonner

 Bossu 1798

 " Chaque fois que le Caporal s'en va pour chercher du caoutchouc, on lui donne des cartouches. Il doit rendre toutes celles non employées; et pour chacune des cartouches brulées, il doit rapporter une main droite! ... pour prouver ... qu'en six mois de temps ils avaient, eux, l'Etat, sur la rivièreMomboyo, tiré six millescartouches, ce qui voulait dire que six mille personnes avaient été tuées ou mutilées. cela veut dire plus de six mille, car on m'a dit à diverses reprises que les soldats tuaient fréquemment des enfants à coups de crosses

 

 

Un planteur nommé Marilys invita un jour plusieurs amis à jouer à la pétanque chez lui. Il choisit quelques noirs parmi ces esclaves, les fit enterrer vivants jusqu'au cou pour pouvoir pointer sur eux. Les tuer tous jusqu'au dernier, prit plus d'une heure...

Saint-Domingue 1780

 "Un Officier Négrier qui avait été chargé de vendre un certain nombre d'esclaves, reconduisait au vaisseau ceux qu'on avaient reboutés. Il aperçut parmi eux un Négrier qui avaient l'air vigoureux, mais qui ne marchait qu'avec répugnance. Il lui rendit à l'instant sa vivacité à coup de canne. L'esclave tomba . L'Officier le releva, en lui donnant une nouvelle correction. L'esclave n'eut pas fait dix pas qu'il chancela de nouveau. Cette seconde chute étant regardée comme l'effet d'une criminelle opiniâtreté, l'Officier furieux redoubla les coups, et ne cessa que quand il eu vu ce malheureux expirer à ses pieds, l'Européen ordonna froidement aux autres esclaves de trainer leur compatrioteau rivage, ou sans cérémonie et sans délai il le fît jeter à la mer. Ce cadavre fût aussitôt dévoré par les requins, dont le port était rempli. Ce poisson vorace avait suivi les vaisseaux depuis la côte d'Afrique et comme on en avait transporté 10000 esclaves dans cette saison, il fût attiré par la puanteur et constamment nourri par les cadavres qu'on jetait à chaque heure en mer, pendant la traversé".

 Benjamin Frossard : in la traite des Noirs au Siècle des lumières

M thomas Lauman, de Saint Michael, tua deux esclaves, l'un avec une hache, faisant jaillir sa cervelle. Il avait coutume de se vanter d'avoir commis cet acte affreux et sanglant."...." L'épouse de M Giles Hick, demeurant assez près de là ou je vivais, assassina la cousine de ma femme, une jeune fille de quinze ou seize ans, mutilant sa personne de la façon la plus horrible, lui cassant le nez et la poitrine avec un bâton, de sorte que la pauvre petite expira au bout de quelques heures. Voici la faute pour laquelle cette jeune fille fût assassinée: chargée cette nuit-là de surveiller le bébé de Mme Hick, elle s'était endormie et le bébés'était mis à pleurer.comme elle n'avait pas pris de repos pendant plusieurs nuits précédemment, elle ne l'entendit pas pleurer. Jugeant que la jeune fille ne bougeait pas assez vite, Mme Hick sauta de son lit, saisit un batonde chêne près de la cheminée et brisa le nez et la poitrine de la jeune fille,mettant ainsi fin à ses jours".

Récit publié par Frederique Dougkas 1845

 " D'après le témoignage de certains agents, il y avait des capitaines négriers assez cruels pour trancher sans pitié un bras ou une jambe à tout esclave qui tentait de sauter par-dessus bord pendant le navire était à l'ancre, à la fois pour l'empêcher de fuir et pour servir d'exemple aux autres. De fait , ces mutilations terrifiaient les Africains, d'autant plus qu'ils croyaient que celui qui mourrait avec un corps amputé ne pouvait renaître dans l'au-delà"

 George Kay

"Le patient tout-nu est attaché à un pieu proche de la fourmilière, et l'ayant un peu frotté de sucre, on lui verse à cuillerées des fourmis depuis le crâne jusqu'à la plante des pieds, les faisant soigneusement entrer dans les trous du corps. D'autres sont liés nus à des pieux aux endroits ou il y a des maringouins, qui est un insecte fort piquant et crée un tourment au dessus de tout ce que l'on peut sentir. A d'autres ont fait chauffer rouges des lattres de fer et on les applique bien attachées sous la plante des pieds, aux chevilles, au dessus du cou-de-pied, tourment que ces bourreaux rafraîchissent d'heure en heure; il y a actuellement des nègres et négresses que six mois après ce supplice ne peuvent metrre pied à terre"

Lettre du Gouverneur Phélypeaux au roi  datant du 24 mai 1712 à la martinique

 ...J'ai vu une singulière  invention pour faire perdre aux Nègres le goût de l'eau-de-vie qui est, hélas! leur unique consolation dans leurs maux : c'est un masque de fer-blanc, qui enveloppait toute la tête d'une femme, il joignait au col, ou il se fermait par le moyen  d'une serrure; il y avait des trous adaptés dans les yeux, pour voir, et devant le nez, pour respirer; mais elle ne pouvait prendre aucune espèce de nourriture sans permission...elle était obligée de porter la muselière jour et nuit...

 Georges KAY

 

 Une femme blanche fît jeter son cuisinier dans un four, pour avoir manqué un plat de pâtisserie. Avant elle, un planteur, nommé Chaperon avait fait la même chose."

 Bosu: Voyage aux Indes Occidentales, Amsterdam

Lorsque l'approvisionnement en esclaves se rarifie, les colons n'hésitent pas à faire de l'élevage de négrillons. Meme si " cette pratique n'aura jamais, à ce qu'il semble, dans les colonies françaises l'importance qu'elle arrivera à atteindre en certains Etats d'Amérique du nord, Virginie par exemplen ou des maîtres organisent des élevages systématiques de "négrittes" pour l'exploitation... Louis Sala-Molins, op. cit., page 111.

 Lefranc avait vu en action un instrument essentiel du Congo de Léopold,(...) la chicotte._ un fouet en peau d'hippopotame séchée au soleil, en forme de longue lanière vrillée aux arêtes acérées. (...). Le chef de la station sélectionne les victimes, (...) Tremblants, hagards,ils s?étendent le visage contre le sol (...) deux de leurs compagnons, parfois quatre, les saisissent par les pieds et les mains pour leur enlever leurs culottes de coton (...) Chaque fois que le tortionnaire soulève la chicotte, une barre rouge apparaît sur la peau des pitoyables victimes, qui, si fermement soient-elles tenues, se contorsionnent affreusement en sursautant... Aux premiers coups, les malheureuses victimes poussent des hurlements horribles qui se transforment vite en gémissement sourd (...). Comble raffiné de la méchanceté, certains officiers, j'en ai été témoin, exigent que le supplicié lorsqu'il se relève, haletant, exécute gracieusement le salut militaire.

 

 

Vie, Santé, Force...

 

shenoc le 01/11/2009

 

 

[Accueil][Peuples_Noirs][actualite][culture][litterature][contact]

  Les documents publiés sur ce site sont protégés. Leur utilisation sans l'accord des auteurs est interdite

©2009 Shenoc. Tous droits réservés.